Que deviennent-ils ? Portrait de Frédéric ARNAULT, ancien arbitre assistant international (1997/2006)
Il détient l'un des palmarès les plus prestigieux de l'arbitrage français. Le seul à ce jour à avoir été d'une demi-finale de Coupe du Monde en 2002 en tant qu'assistant. Retraité des terrains depuis onze ans, Frédéric Arnault continue de suivre avec un œil avisé l'actualité footballistique et arbitrale. Il raconte son parcours, qui l'a mené des terrains varois aux plus grands stades de la planète.
Frédéric Arnault ici lors de République Tchèque/Lettonie lors de l'Euro 2004 (crédit photo : Frédéric Arnault)
Samedi 13 mai 2006. Le stade de Gerland fête le cinquième titre consécutif de l'Olympique Lyonnais. Pour ce dernier match de la saison, le club du président Aulas a réalisé un véritable festival offensif avec une victoire 8-1 face au Mans. "On pourra dire que l'on veut du président de l'OL mais avant qu'un autre président de club ait le même palmarès que lui, le football aura connu bien des rebondissements", souligne Frédéric Arnault. Cette rencontre sonne la fin de carrière pour Claude Colombo et Frédéric Arnault. "Nous avions décidé de finir à Lyon à la fois pour la qualité de l'accueil en la personne d'Yves Cecillon mais aussi compte-tenu que la ville se situait idéalement pour convier nos familles et amis sur ce dernier rendez-vous de notre histoire sportive." Tous deux ont fait équipe dès la saison 1994/1995. "Claude Colombo a été promu en Ligue 1 en 1990 et il m'avait proposé de l'accompagner si j'atteignais la L1", explique ce niçois père de trois enfants. C'est chose faite à l'aube de la saison 1994/1995 avec l'arrivée de Frédéric Arnault en D1, comme on l'appelle à l'époque. La collaboration débute lors d'un Le Havre/PSG le 29 juillet 1994 et va durer huit années. Avec à la clé plusieurs évènements majeurs comme la finale de la coupe de France en 2000 entre Calais et Nantes et la finale de la coupe de la Ligue en 1999, opposant le RC. Lens au FC. Metz. Pourtant, ce chalonnais de naissance n'était pas destiné à une carrière d'homme en noir. "Un papa qui suivait assidûment le football et un beau-père footballeur, ont certainement contribué à façonner le passionné de football que je suis. Je collais les vignettes Panini et j'étais une vraie bible du football", raconte l'intéressé qui est tombé dans la marmite un soir de mars 1976 lors de la victoire des "Verts" de St-Etienne face au Dynamo Kiev. "Je conserverai à vie le souvenir de mon beau-père avec qui je regardais ce match à la télévision. Les trois buts de St-Etienne, les prolongations et le but de Dominique Rocheteau. Une rencontre arbitrée par monsieur Gonella, qui dirigea la finale du Mondial argentin en 1978 et que j'ai eu l'honneur de rencontrer lorsqu'il était contrôleur à l'UEFA lors d'un match au Portugal avec Pascal Garibian. Et le souvenir d'avoir pu inviter mon père à la 1/2 finale de la coupe du Monde 1998 en France (Brésil/Pays-Bas)."
De gauche à droite : Marcel Bacou, Claude Colombo et Frédéric Arnault lors d'une réception après Lyon/Le Mans (source photo : www.rhone.fff.fr)
Championnat de France de D1 - Saison 1994/1995 - LE HAVRE/PSG 0-0 (1ère journée)
"Etre un assistant impliqué au service de la performance arbitrale"
L'arbitrage n'a pas été une vocation pour Frédéric Arnault qui fît la rencontre de Jean Héraud, membre du District de football du Var et qui fût délégué du GPF (Groupe du Football Professionnel, ancêtre de la LNF devenue LFP) qui lui proposa, en janvier 1979 de se former à l'examen théorique. "A lundi", lui dit Jean Héraud ce à quoi Frédéric Arnault répondit : "je dois me faire opérer d'un genou, vous ne me verrez pas". Le dirigeant varois reviendra plus tard offrir le livre des lois du jeu au jeune homme de 18 ans qu'est alors Frédéric Arnault. "Lis-le pendant ta convalescence et si cela te plaît, je te fais passer les examens." Frédéric Arnault accepte le défi. Il ne le regrettera pas. Ses premiers coups de sifflet retentissent dans le cadre de sa scolarité à l'école des Métiers EDF à Sainte-Tulle (04) où il est sollicité pour arbitrer des matchs de l'équipe des élèves. Durant sept années, Frédéric Arnault va parcourir les terrains du Var et de la Méditerranée avant d'être proposé comme candidat au titre d'arbitre Fédéral en 1985 et 1986. Il décroche la macaron bleu-blanc-rouge en 1987 et est nommé arbitre Fédéral 3. "Je concourrai pour la montée en 2ème division professionnelle. J'ai manqué de peu d'être promu à deux reprises (1991 et 1992) mais d'autres avaient été meilleurs que moi", reconnaît Frédéric Arnault qui décide de choisir la voie de l'assistanat en 1993. "Un texte prévoyait qu'un arbitre Fédéral 3 qui n'est pas promu en Ligue 2 dans les cinq ans, est automatiquement remis à disposition de sa ligue régionale. Je me voyais plus arbitre assistant mais j'ai puisé ma motivation dans l'objectif d'être un assistant impliqué au service de l'arbitre de la performance arbitrale". Il termine septième au terme de sa première saison en D2 et voit son objectif se réaliser : être promu en D1. En compagnie de Claude Colombo, niçois comme lui, Frédéric Arnault va prendre part à de nombreux sommets du foot français comme ce duel entre Metz et Lens, au coude à coude pour le titre en 1998 ou encore ce PSG/Bordeaux également décisif pour le titre (saison 1998/1999).
Championnat de France de D1 - METZ/LENS - Saison 1997/1998
"L'attaque groupée en règle des autres était pire que le déferlement des médias"
Le tchèque Evzen Amler et Frédéric Arnault entourent Urs Meier, l'arbitre d'Allemagne/Corée du Sud (source photo : www.gettyimages.com)
En 1997, Frédéric Arnault obtient ce dont rêve tout arbitre : l'écusson FIFA. Véritable terre d'arbitrage, la Côte d'Azur a vu éclore de nombreux sifflets qui ont sillonné les pelouses de l'Hexagone et dans le Monde. "C'est vrai que nous étions particulièrement gâtés. En 1997, quand Gilles Veissière rentre du Mondial U20 en Malaisie, il nous propose - aux arbitres fédéraux azuréens : Colombo, Coué, Djouzi, Izzo, Marek, Castellani et moi-même - de s'attacher les services d'un préparateur physique pour le groupe afin de progresser tous ensemble. Ce que nous décidons rapidement chacun étant persuadé que nos séances en solitaire n'étaient pas suffisantes", détaille Frédéric Arnault. Le groupe se retrouve deux à trois fois par semaine. L'occasion de refaire les matchs des uns et des autres. "Quand l'un d'entre nous s'était loupé lors d'une décision le week-end, l'attaque groupée en règle des autres était pire que le déferlement des médias, avec en complément leur vision et leurs analyses qui participaient à la construction de l'expérience de chacun". En 2002, Gilles Veissière, alors l'arbitre numéro 1 français fait équipe avec Frédéric Arnault dans l'optique de participer à la Coupe du Monde au Japon et en Corée du Sud. Un souvenir au goût d'inachevé pour Gilles Veissière, qui aurait déjà dû faire la Coupe du Monde 1998 en France. L'actuel adjoint aux sports de la ville de Nice ne dirige que deux rencontres sur le sol asiatique alors que l'équipe de France quitte la compétition dès le premier tour. "Michel Vautrot siégeait alors à la commission d'arbitrage de la FIFA orpheline depuis de représentant français. Les relations avec le Directeur Technique National de l'arbitrage de l'époque étaient bonnes. Vautrot n'était pas présent au Japon et en Corée du Sud mais il se tenait informé de notre parcours. Gilles aurait pu prétendre à un 1/4 de finale sans difficulté mais il faut des voix qui vous soutiennent lors des commissions de désignations. Il nous en manquait véritablement. Ce qui ne fût pas le cas pour l'assistant suédois Leif Lindberg dont le représentant, membre de la FIFA, avait quitté l'hôpital où il séjournait depuis plusieurs jours pour une opération, afin de rallier Tokyo pour assister à la commission des désignations et soutenir son poulain désigné pour la finale du Mondial", explique Frédéric Arnault.
"Allemagne/Corée du Sud, un souvenir incommensurable"
Frédéric Arnault, Pierluigi Collina et Gilles Veissière lors du Mondial 2002 (crédit photo : Frédéric Arnault)
Michael Raggonath, mis en cause lors de l'élimination de l'Espagne face à la Corée du Sud était trinidadien. "De par nos échanges, nous savions que son expérience, compte-tenu d'un championnat réduit - seulement dix équipes - était toute relative, ce qui nous interrogeait sur sa présence à la Coupe du Monde puis lors du 1/4 de finale hispano-coréen. Quand on apprend par la suite que son président de fédération qui dirige la CONCACAF, n'est autre que Jack Warner, on peut légitimement se poser des questions...pas sur l'erreur de l'arbitre mais sur sa présence à ce niveau de la compétition", raconte Frédéric Arnault.
Une Coupe du Monde dont l'arbitrage avait été vivement contesté au point que la commission d'arbitrage de la FIFA ne fasse appel qu'à des arbitres européens dans le dernier carré ! Les considérations politiques ont souvent pollué les phases finales de Coupes du Monde. "Ce serait mentir que de maintenir qu'il n'y a pas de réseaux d'influence dans le football, ou l'arbitrage comme dans toute organisation. Les critiques se faisant de plus en plus nombreuses à l'adresse des arbitres non européens, la FIFA avait décidé de verrouiller les demies et la finale en imposant des arbitres ressortissants UEFA même au mépris de l'impartialité d'appartenance continentale. D'ailleurs, si elle avait été respectée, nous n'aurions jamais pu arbitrer Allemagne/Corée du Sud", explique Frédéric Arnault qui prendra part à quatre rencontres durant ce Mondial dont la 1/2 finale Allemagne/Corée du Sud. Son plus grand souvenir ? "Dans la hiérarchie du football, c'est certainement le plus haut que j'ai atteint. Un souvenir incommensurable oui ! Mais ce qui le rend encore plus beau, c'est d'avoir enchainé avec l'Euro 2004, le championnat du Monde des clubs en 2005 et plusieurs 1/4 et 1/2 finales de Ligue des Champions. Je craignais tellement une forme de décompression psychologique tant mon parcours à la Coupe du Monde relevait du rêve. Et je suis très fier d'avoir maintenu mon niveau pendant les quatre saisons qui ont suivi". Entre temps, Frédéric Arnault sera du choc au sommet entre Lyon et Lens, ultime rencontre décisive pour le titre lors de la saison 2001/2002, un point séparant les deux formations. Le trophée du meilleur assistant de Ligue 1 lui sera décerné. "Une surprise d'abord, puis une responsabilité supplémentaire car je savais que cela tenait beaucoup à ma sélection pour le Mondial 2002. Mais le direct sur Canal+ restera un souvenir important pour moi. Cela m'a permis de dédier ma récompense à mes enfants en direct à la télévision, c'est énorme", se souvient l'intéressé.
"Trois niçois, trois copains à San Siro. Interdiction de se louper"
Trois niçois débarquent à San Siro lors de la 1/2 finale 100 % milanaise de Ligue des Champions en 2003 (source photo : news.dipag.com)
Le 13 mai 2003, l'UEFA confie la 1/2 finale retour de Ligue des Champions entre l'Inter Milan et le Milan AC à Gilles Veissière, Frédéric Arnault et Jean-Philippe Izzo. Toldo, Zanetti, Crespo, Conceiçao à l'Inter, Maldini, Inzaghi, Rui Costa, Gattuso au Milan AC pour ne citer qu'eux. "Un de mes meilleurs souvenirs, assurément ! Déjà une 1/2 finale, c'est énorme mais en plus un derby avec les deux clubs milanais c'était inimaginable. Trois niçois, trois copains qui s'entrainent ensemble au quotidien, il était interdit de se planter. Il s'agissait du match retour (0-0 à l'aller), sans compter que nous étions observés par Volker Roth, qui était le patron des arbitres européens à l'époque", se souvient Frédéric Arnault. L'ancien arbitre allemand avait analysé la prestation de Gilles Veissière de la façon suivante : "je n'aurais certainement pas arbitré comme toi, ni pris les mêmes décisions, mais force est de reconnaître que ton arbitrage a été unanimement apprécié. Et c'est ça l'essentiel". Frédéric Arnault : "beaucoup critiquaient son management, certes un peu tranché, mais j'ai peu vu d'observateurs avoir une telle objectivité. Il était certainement venu un peu aussi pour s'imprégner de l'affrontement italo-italien et glisser quelques conseils à Markus Merk qui allait diriger la finale Juventus/Milan AC quelques jours plus tard".
"A l'Euro 2004, de soutien il n'y en eût pas"
Le trio français à l'Euro 2004 : Gilles Veissière, Frédéric Arnault et Serge Vallin
Arrive l'Euro 2004. Le contexte est sensiblement différent de la Coupe du Monde deux ans auparavant. "Les relations se sont tendues entre le patron de l'arbitrage français, et les arbitres de l'élite dont nous faisions partie, depuis un rassemblement en novembre 2002 porte de Champerret à Paris. Il est clair que de soutien il n'y en eût pas, facilité par une règle qui voulait que si une équipe nationale atteignait les 1/4 de finale, vous rentriez à la maison." Gilles Veissière, Serge Vallin et Frédéric Arnault quittent le Portugal après deux rencontres dirigées en phase de groupe, les Bleus ayant atteint les quarts de finale face à la Grèce. Ces deux grandes compétitions internationales ont permis à Frédéric Arnault de côtoyer les meilleurs arbitres mondiaux tels que Collina, Merk, Meier, Frisk, Nielsen pour ne citer qu'eux. "Des hommes agréables, très accessibles. Déjà qu'ils soient de pays différents génère des approches de l'arbitrage contrastées, et puis leur personnalité fait le reste. Avoir pu les côtoyer s'est révélé très instructif et profitable. Comme le fût le contact avec des arbitres d'autres confédérations tels que Carlos Simon le brésilien, l'australien Mark Shield ou l'américain Brian Hall."
"Nous avons vécu notre éviction du Mondial allemand comme une injustice"
1/2 finale du Mondial des Clubs en 2005 entre Al Ittihad et Sao Paulo au Japon. De gauche à droite : Vincent Texier, Toru Kamikawa, Alain Sars et Frédéric Arnault (source photo : www.sofootballclub.com)
Une Coupe du Monde, Frédéric Arnault aurait pu ou dû en vivre une seconde. Mai 2005, Gilles Veissière a rangé le sifflet après un dernier match à Auxerre et Frédéric Arnault rejoint Alain Sars et Vincent Texier, présélectionnés pour le Mondial 2006. Au mois de mai de cette même année, l'arbitre lorrain dirige Milan AC/Barcelone, sa deuxième 1/2 finale de Ligue des Champions consécutive après Chelsea/Liverpool en 2005. Il ne sera pourtant pas du voyage en Allemagne ! Frédéric Arnault se souvient : "la non sélection d'Alain est intervenue avant la 1/2 finale à Milan. Nous avons vécu cette éviction du Mondial allemand comme une injustice, tant la planète du football que nous rencontrions régulièrement nous témoignait sa certitude de notre sélection. Le dernier à l'avoir fait fût le regretté président de l'Inter, Giacinto Facchetti, qui à l'issue de notre 1/4 de finale (Inter Milan/Villarreal), trois jours avant l'annonce de la FIFA, nous confirma que, selon lui, notre sélection ne faisait aucun doute". Mais c'est Eric Poulat, à la surprise générale qui est retenu. "Le trio d'Eric Poulat n'avait quasiment pas d'expérience de ce niveau. Il n'atteignait même pas les 1/8ème de finale dans les compétitions UEFA. Mais il soutenait Michel Vautrot qui avait été évincé de la FFF et dont l'aura et le réseau international était incontestable", raconte Frédéric Arnault et poursuit : "l'italien Paolo Bergamo, qui nous avait observés à Séville, comme le néerlandais Mario Van der Ende qui nous voyait à Kiev, n'ont pas été très clean sur le coup. Mais c'est la vie ! Ce n'est que quelques jours plus tard qu'Yvan Cornu, chef du département arbitrage à l'UEFA, m'appela pour me demander si Alain n'était pas trop abattu car la commission envisageait de nous confier ce fameux Milan AC/Barcelone. Imaginez quelle fût ma réponse !".
Argentine/Nigeria lors de la Coupe du Monde en 2002. De gauche à droite : Heiner MUELLER, Markus MERK, Gilles VEISSIERE et Frédéric ARNAULT (crédit photo : Frédéric Arnault)
Championnat de France de D1 - LYON/LENS - Saison 2002/2003
"Veissière n'a jamais été le choix de ceux aux affaires"
Ses compétences auraient pu faire de lui le patron de l'arbitrage français mais Frédéric Arnault n'a jamais été sollicité. Gilles Veissière, dernier arbitre tricolore à avoir dirigé une finale de coupe d'Europe (Liverpool/Alavès en 2001 en coupe de l'UEFA) lui fait également cruellement défaut. "La liberté est donnée à tous ceux qui dirigent, dans le monde de l'entreprise ou ailleurs, de s'entourer d'hommes et femmes de leur choix. Gilles n'a jamais été le choix de ceux aux affaires. En partie pour son caractère insaisissable mais certainement aussi par crainte de sa qualité technique qui aurait pu faire de l'ombre à n'importe quel membre de la DTA. Quant aux assistants, tant Batta avant 2013 que Garibian depuis, s'évertuent à faire des arbitres assistants un sous-produit de l'arbitrage. Ne sont recrutés que ceux qui ont peu brillé sur les terrains. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder qui est le référent des arbitres assistants aujourd'hui. Comme si seuls les arbitres pouvaient tenir tous types de postes et pas l'inverse !".
"Colombo, Veissière et Sars : un mix des trois serait le profil parfait de l'excellent arbitre"
Durant douze ans, Frédéric Arnault a parcouru des dizaines de stades en France et dans le Monde. Il fût l'assistant tour à tour de Claude Colombo, Gilles Veissière et Alain Sars. Trois personnalités qui ont marqué une époque où l'arbitrage français rayonnait sur le planète football. "Je pense qu'un mix des trois, serait le profil parfait de l'excellent arbitre. Claude très politique, attaché au protocole a toujours sui soigner l'environnement. Gilles était certainement le plus technique et le plus stratégique dans son approche de l'arbitrage comme dans sa relation avec les joueurs. Quant à Alain, c'était surtout son côté communicant qui ressortait. Beau gosse, bonnes relations avec les médias, il avait toujours le contact facile. Mais il ne faut pas pour autant mettre de côté leurs excellentes aptitudes techniques qui leur ont permis d'avoir de belles carrières." Alain Sars et Claude Colombo ont rejoint la Direction Technique de l'arbitrage à l'été 2013 mais la situation n'a guère évolué depuis l'arrivée de Pascal Garibian il y a quatre ans. "Le problème dans notre fédération, c'est que l'arbitrage a toujours été une donnée hypothétique des programmes présidentiels. Escalettes aurait pu profiter du départ de Vautrot, qui venait d'être remplacé par Batta, pour tenter une refonte, que nenni ! Durant les six années de sa présidence, l'arbitrage n'a cessé de décliner, sans réaction. Duchaussoy, en très peu de temps, n'a pas bougé et Le Graët a traité l'arbitrage par-dessus la jambe. Alors qu'il avait fait un appel à projet pour le sélectionneur des Bleus, choisissant après audition Didier Deschamps, capitaine des Champions du Monde 1998 et déjà quelques beaux résultats comme coach en club, il s'est borné à nommer un patron de l'arbitrage à l'économie. Batta résidant à Marseille lui coutait très cher. Garibian parisien, était une aubaine pour la trésorerie. Sauf que côté technique, il n'a été international que sur les bancs de touche des matchs UEFA. Peu de charisme tant en interne qu'en externe, certainement pas la locomotive qui provoque des vocations", analyse l'ancien arbitre assistant niçois qui ne manque pas d'idées.
"Il faut une vitrine étincelante pour relancer l'arbitrage français"
"Les dites "petites" fédérations produisent de plus en plus d'arbitres compétents", explique Frédéric Arnault à l'image du slovène Damir Skomina (photo ci-dessus)
Absent des radars sur la scène internationale depuis plus d'une décennie, l'arbitrage français est aujourd'hui comparé à la Slovénie, à la Turquie, des pays qui n'ont plus à envier à la formation française. "Je suis un observateur inquiet du devenir de l'arbitrage français et de sa place sur l'échiquier international d'autant que les dites "petites" fédérations produisent de plus en plus d'arbitres compétents et solides sans avoir la qualification de la sélection ou du club qui fait barrage au parcours de l'arbitre. Des arbitres turcs, slovènes ou encore russes, émergent en Europe au grand bonheur de la commission qui peut les désigner sur un peu près tous les matchs. Là est le danger", explique Frédéric Arnault surpris également de l'ascension rapide de certains arbitres. "Certains jeunes arbitres pointent le bout de leur nez avec des qualités intéressantes, car le travail des districts et des ligues se poursuit. Mais l'encadrement pressé de faire émerger des talents semble les griller très rapidement en oubliant que l'expérience est une donnée incompressible ! Par le passé, on a déjà grillé des Kalt, Turpin...pourquoi se hâter avec Letexier par exemple ?". Pour redresser la maison arbitrage, "il faut une vitrine étincelante, nos arbitres internationaux et un vivier de jeunes pousses adapté aux mentalités modernes. Un trio français qui brille sur la scène européenne, c'est un trio respecté sur les pelouses de Ligue 1. Et un trio respecté en Ligue 1, c'est un travail facilité auprès des jeunes et un recrutement dopé. Mais à ce jour, quasiment pas de français dès les 1/8ème de finale en Ligue des Champions depuis Sars. Le Graët accepte que Batta représente la France à la commission d'arbitrage de l'UEFA alors qu'il l'a viré, comment croire en son soutien aux arbitres français ? Garibian va rechercher Vautrot - absent des radars fédéraux depuis plus de dix ans - qui, même s'il a été et restera le vrai leader charismatique et technique de notre corporation, n'est plus dans le temps. Et le maintien de Layec, peu apprécié des arbitres à l'époque, aux commandes du secteur pro...peut-être que ses origines bretonnes lui donnent un crédit exceptionnel."
La saison de l'OGC. Nice
Consultant pour France Bleu Azur, Frédéric Arnault suit attentivement le parcours des Aiglons depuis de nombreuses années. Que pense-t-il de l'évolution du club ces dernières saisons ? "Cela a démarré par le bon travail technique de Claude Puel qui venait renforcer celui de Frédéric Antonetti peu avant. Mais cela n'a été que possible que par l'arrivée de Jean-Pierre Rivère qui jusqu'à présent a fait les bons choix tant au niveau sportif que structurel du club. Après Puel, Ben Arfa la saison passée, Lucien Favre et Balotelli cette année avec en prime l'Europa League à l'automne dernier et la Ligue des Champions la saison prochaine. Il sera très difficile de faire mieux...même s'il faut avoir conscience qu'il va falloir faire beaucoup plus, financièrement et humainement, ne serait-ce que pour rester à ce niveau."
Ses souvenirs à St-Symphorien
Frédéric Arnault a souvent foulé la pelouse du stade St-Symphorien et en garde de bons souvenirs. "St-Symphorien fût mon deuxième stade de Ligue 1 lors de mon accession dans l'élite, lors de Metz/Bastia le 2 août 1995. J'ai aussi le souvenir d'avoir arbitré, lors de la saison 1997/1998 (Metz finit à égalité de points avec Lens, champion de France au goal-average) les matchs aller et retour entre les deux équipes ainsi que le dernier match à St-Symphorien contre Lyon pour un duel à distance avec Lens qui jouait à Auxerre. Je me souviens de l'accueil chaleureux d'abord par Monsieur André Watrin puis par Claude Keime."
Championnat de France de D1 - FC. METZ/SC. BASTIA - Saison 1994/1995
Retraité du sifflet depuis 2006, Frédéric Arnault se consacre désormais à sa fille qui pratique l'équitation, au jardinage et bricolage et continue de fréquenter les stades qui l'ont tant fait rêver. "L'arbitrage a fait de moi l'homme que je suis dans mon approche de la relation humaine tout en vivant au cœur de ma passion, le football. Et il m'a certainement conféré une position sociale qui a rejailli sur mon évolution professionnelle. Une véritable école de la vie !".
Qui êtes-vous Frédéric ARNAULT ?
Le toss lors de Lyon/Lens, match décisif pour le titre de champion de France en 2002 (source photo : www.sofoot.
Nom : ARNAULT
Prénom : Frédéric
Date et lieu de naissance : 30 avril 1961 à Chalon/Saône
Profession : cadre EDF et chargé d'enseignement à l'Université de Nice Sophia-Antipolis
Club : Stade Laurentin de 1981 à 2009
Débuts dans l'arbitrage en 1979
Parcours FFF :
-arbitre de District (Var en 1979/1980 puis Côte d'Azur de 1980 à 1982)
-arbitre de Ligue (1982/1985)
-candidat FFF en 1985 et 1986
-Fédéral 3 (1987/1993)
-juge de touche Fédéral 2 (1993/1994)
-assistant Fédéral 1 (1994/1996)
-arbitre assistant International (1997/2006)
Arbitres attitrés : Claude Colombo (1994/2002), Gilles Veissière (2002/2005) et Alain Sars (2005/2006)
Nombres de matchs en Ligue 1 : 236
Une référence en matière d'arbitrage : sur le terrain, Veissière était le meilleur au monde !
Le ou les plus grands joueurs que vous avez croisés : Zidane, Ronaldo, Ronaldinho, Maldini, Batistuta, Shevchenko, Raï, sans ordre préférentiel !
L'entraîneur le plus "casse-pied" : Guy Lacombe, pourtant réputé pour son côté formateur
Le joueur ou l'entraîneur que vous aimeriez revoir : j'en croise certains, français et étrangers, avec qui j'échange toujours volontiers
Un stade : Ibrox Park est celui qui m'impressionna le plus par son ambiance assourdissante même si San Siro était un peu mon jardin (six matchs en Ligue des Champions)
L'hommage du stade Félix-Bollaert à Pierre Bachelet lors de Lens/Nantes - saison 2004/2005
Une anecdote : j'en retiendrais deux : j'étais sur le match Lens/Nantes en février 2005, premier match après le décès de Pierre Bachelet où les supporters ont entonné pour la première fois "les Corons" qui est devenu l'hymne du club, une émotion inexprimable m'avait envahi. Puis un Lyon/PSG qui venait après la mort de deux supporters du PSG dont la mémoire avait été honorée avant le coup d'envoi. Quand nous sommes entrés sur la pelouse, tous les spectateurs brandissaient un papier noir en signe de recueillement. Une minute de silence plus que respectée. Il avait fallu de tristes circonstances pour montrer une image honorable de la famille du football.
Votre pire souvenir : des menaces, un peu de violence, de l'injustice mais on ne retient que les bons ! Un regret toutefois : avoir été invité pour arbitrer la coupe du Golf Persique en 2003 au Koweït et ne pas avoir arbitré en raison d'une blessure lors des tests physiques.
Lionel SCHNEIDER
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