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Que deviennent-ils ? Portrait d'Eric CASTELLANI, ancien arbitre assistant international

Il a fait partie d'une génération dorée d'arbitres sur la Côte d'Azur. Eric Castellani revient sur les moments forts de son parcours qui l'a mené des terrains azuréens aux plus grands stades de la planète.

 

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San Siro, le 18 avril 2006. Milan AC/Barcelone, 1/2 finale de Ligue des Champions. Eric Castellani assiste ce soir-là Alain Sars, avec Frédéric Arnault (crédit photo : Eric Castellani)

 

Castellani. Il ne s'agit pas du Député corse Michel Castellani, récemment élu au Palais Bourbon. Notre portrait de ce mois-ci concerne un ancien arbitre assistant. Corse d'origine, il a vu le jour le 17 mai 1966 à Nice. Eric Castellani, d'abord joueur à l'US. Cagnes/Mer, se lance au sifflet après s'être blessé en jouant au rugby. A 21 ans, il suit les traces de son père, Gérard, ancien arbitre ayant évolué jusqu'en troisième division nationale en qualité d'arbitre central et en D2 en tant qu'assistant. "Candidat au titre d'arbitre de la Fédération, il fût l'objet d'un vol manifeste lors d'un match à Saint-Priest par un contrôleur. Il fît partie de la génération des Batta, Chiab, Leduc", explique celui qui est aussi le gendre de Jacques Mas, ancien arbitre assistant international. A 21 ans, Eric Castellani, affilié au District de Côte d'Azur obtient son écusson lui permettant de passer jeune arbitre de Ligue en 1987. Dans son ascension vers le plus haut niveau, Eric Castellani affine son perfectionnement à l'écoute de grandes figures de l'arbitrage français comme Jean Tricot. "Je garde le souvenir d'un stage qu'il anima au stade Louis II à Monaco et qui fût un déclencheur" se rappelle l'intéressé qui cite également Manuel Lopez Fernandez, un ancien arbitre assistant international et expert en psychologie auprès de la FIFA. "Il avait une vision de l'arbitrage, le travail en équipe où l'on additionne les compétences qui me correspondaient". Il n'oublie pas de citer Michel Vautrot, - "quelqu'un d'exceptionnel". Mais sa carrière, il la doit avant tout "à son propre mérite et à son travail. Je n'ai jamais abandonné mes idées". A 33 ans, il décide d'emprunter la voie de l'assistanat et devient assistant Fédéral 3 en 1999. "J'ai fais preuve de lucidité et compris que d'autres étaient meilleurs que moi", reconnaît Eric Castellani, qui franchit le pas suite notamment à une discussion avec Philippe Leduc, ancien arbitre international.

 

Claude Medam : "Un excellent assistant en qui j'avais une confiance aveugle"

 

Le samedi 7 août 1999, il fait ses premiers pas dans le championnat National à l'occasion de Grenoble/Angers. Deux ans plus tard, le voilà promu en Ligue 2, où il fait équipe avec Claude Medam. "L'une des plus belles saisons de ma carrière", souligne Eric, lié d'amitié avec Claude Medam depuis très longtemps. "Claude est un ami, l'un des rares fidèles dans le milieu. Nous étions très professionnels déjà, partant la veille pour rejoindre la ville dans laquelle nous devions arbitrer. C'était la joie de se retrouver avec Alain Taxil". Claude Medam lui retourne le compliment : "Eric est un type intelligent qui a une analyse fine des situations et qui fait les choses sérieusement sans se prendre au sérieux. J'aimais débriefer avec lui après les matchs. Il m'apportait beaucoup. Un excellent assistant en qui j'avais une confiance aveugle. Nous venions de la même ligue, on se connaissait déjà et nos pères également." La saison 2001/2002 sera l'occasion pour tous les deux de collaborer ensemble en Ligue 2. "Claude méritait largement d'aller en D1. Il connaissait l'arbitrage, respirait l'arbitrage. Il était, à un degré moindre ce qu'était Gilles Veissière", détaille Eric Castellani qui se souvient également d'un match sur l'Ile de Beauté entre l'AC. Ajaccio et Beauvais où Jacky Bonnevay, l'entraîneur du club de l'Oise avait remis en cause son impartialité : "Claude avait de suite pris ma défense. C'est un type courageux, malin". Le vendredi 2 août 2002, c'est le grand soir avec la reprise du championnat de France de Ligue 1 avec Guingamp/Lyon. "Il s'agissait du match d'ouverture de la première journée avec le champion en titre. Je me rappelle que Loic Couchellou, l'observateur spécifique de la DTNA (Direction Technique Nationale de l'arbitrage) m'avait demandé si je n'étais pas trop tendu. Tout s'était bien passé", se rappelle Eric qui sortira "rincé physiquement" de ce match au cours duquel il s'était "régalé".

 

Championnat de France de Ligue 1 saison 2002/2003 - GUINGAMP/LYON

 

 

 

"Nous avons assisté à un récital"

 

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San Siro, le 18 avril 2006. Eric Castellani salue Ronaldinho, l'une des stars du Barça de l'époque sous les yeux du capitaine milanais Andrei Shevchenko, d'Alain Sars et de Frédéric Arnault (crédit photo : Eric Castellani)

 

Trois ans après son arrivée en Ligue 1, Eric Castellani est promu international en janvier 2005. Son évolution est fulgurante. Le 18 avril 2006, il voit un rêve se réaliser avec une désignation sur la 1/2 finale aller de Ligue des Champions entre le Milan AC et le FC. Barcelone à San Siro. "Quinze jours auparavant, je répondais à une interview de Dominique Poulain, un journaliste de Nice Télévision à l'époque et je lui expliquais que je rêvais d'arbitrer une 1/2 finale de Ligue des Champions". L'aboutissement d'une carrière. "La crème de la crème était là. Deux clubs mythiques, un stade dans lequel j'avais suivi des rencontres du Mondial 1990. J'en avais la chair de poule. Il n'y avait que des légendes sur le terrain. Il y avait un respect mutuel avec les joueurs. Nous avons assisté à un récital. Tu te dis à cet instant, que tu n'es pas là par hasard, que tu as du crédit, le sentiment que tu n'es pas un usurpateur".

 

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Coup de sifflet finale au Stade de France. Finaliste malheureux, Jérôme Rothen discute avec Eric Castellani (crédit photo : Eric Castellani)

 

"Veissière était un numéro 1 vestiaire et terrain"

 

Cette 1/2 finale est la dernière dirigée par des arbitres français. Comme la plupart des arbitres assistants internationaux ayant quitté les terrains il y a bientôt dix ans, Eric Castellani n'a pas souhaité intégré la Direction Technique de l'arbitrage. "Je suis content de ne pas en faire partie ce qui veut dire que nous avons un minimum de compétences qui sont à l'orée de la DTA. Eric Borghini, qui a connaissance de toutes ces personnes ne les a jamais sollicitées. D'autres sont mieux placés que lui sur le plan de la compétence mais l'équipe actuellement aux affaires ne s'intéresse pas à la gestion de l'arbitrage. Ils sont dans l'immobilisme et la médiocrité la plus totale", explique Eric Castellani. Niçois comme Gilles Veissière, il estime que ce dernier fait défaut à l'arbitrage français. "Gilles est un leader naturel. Il n'y en a plus. Il était un numéro 1 vestiaire et terrain. Jamais personne n'a pu remettre en cause sa légitimité. C'est un caractère fort mais j'ai de l'estime, du respect pour l'arbitre qu'il a été et qui ferait progresser les arbitres à vitesse grand V. Ce qui veulent faire croire qu'il est ingérable se trompent. Il n'est pas l'adjoint aux sports de Christian Estrosi depuis deux mandats par hasard. Gilles mettrait la méritocratie au premier plan. Il est instinctif et reconnaît les compétences. Douze ans après la fin de sa carrière, il reste incontournable."

 

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Le quatuor arbitral de la finale de la coupe de France en 2008. De gauche à droite : Laurent Ugo, Philippe Kalt, Lionel Jaffredo et Eric Castellani (crédit photo : Eric Castellani)

 

Le 24 mai 2008, Eric Castellani s'apprête à vivre sa première finale de coupe de France. Lyon/PSG, l'affiche est alléchante. "Pas le meilleur souvenir de ma carrière même si arbitrer au Stade de France est toujours prestigieux. Cette finale arrivait deux ans après la 1/2 finale de Ligue des Champions. Je n'étais pas serein, c'était besogneux. Philippe Kalt n'avait pas réalisé un grand match. Mais ma famille était là pour ce qui reste un grand moment de ma carrière." 

 

 

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Les arbitres lors du protocole officiel d'après-match saluent Nicolas Sarkozy, Président de la République et François Fillon, son Premier Ministre (crédit photo : Eric Castellani)

 

"J'adorais Carlo Molinari, un président à l'image de ce qu'était Louis Nicollin"

 

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L'incompréhension à St-Symphorien. Abdeslam Ouaddou est averti après avoir été la cible de propos racistes

 

Trois mois précédant cette finale, le samedi 16 février 2008, Eric Castellani se rend à Metz où il assiste Damien Ledentu lors de la réception de Valenciennes. Alors que la mi-temps approche, le défenseur valenciennois Abdeslam Ouaddou fait l'objet de propos racistes en provenance des tribunes. Ouaddou décide d'aller voir l'auteur de ces paroles à la pause. Damien Ledentu ne trouve rien de mieux que d'avertir le joueur pour avoir quitté l'aire de jeu. Un très mauvais souvenir pour Eric Castellani : "Ledentu était inquiet car observé par Garibian ce soir-là. Il a privilégié la lettre à l'esprit. Dans un moment d'exception, il fallait savoir prendre de la hauteur et faire preuve d'intelligence, ce que Ledentu n'a pas su faire". Eric Castellani ne résume pas ses venues à Metz à ce triste épisode. "Je garde de superbes souvenirs du stade St-Symphorien et de la ville magnifique qu'est Metz. J'adorais Carlo Molinari, un président à l'image de ce qu'était Louis Nicollin. Nous étions toujours reçus au centre de formation après le match. C'était une ambiance familiale très agréable".

 

Finale de la Coupe de France 2007/2008 - LYON/PSG

 

 

   

23 mai 2009. Sochaux/Nantes. 37ème journée de Ligue 1. Rideau sur vingt-deux ans de passion. "Ce n'était pas mon tout dernier match puisque j'étais désigné une rencontre amicale entre Monaco et l'Inter Milan en juillet 2009. J'espérais bien sûr une autre sortie mais je n'ai pas de regrets et je suis content d'avoir tourné la page". De ces années au plus haut niveau, Eric Castellani a été marqué par des icônes du sifflet mondial comme Pierluigi Collina et Sandor Puhl. "J'ai vu Sandor Puhl arbitrer la finale de la Coupe du Monde en 1990 (Brésil/Italie) et fait sa rencontre quelques années plus tard en tant qu'observateur", se souvient Eric. Il n'oublie pas Vitor Melo Pereira - "quelqu'un de très intelligent, de posé" -, Peter Mikkelsen ou encore Lubos Michel, "un mec bien, que j'ai côtoyé lors de séminaires à Monaco lorsqu'il travaillait pour le Shakhtar Donetsk". Durant un tournoi en Autriche, Eric Castellani eut le privilège de faire la rencontre de Cuneyt Cakir. "Je suis surpris par la trajectoire de sa carrière. Mais il le mérite et fait partie des tous meilleurs actuellement. Il a une manière d'arbitrer qui me convient. Il est jovial, j'ai l'impression qu'il arbitre en sénateur. L'arbitre français est comptable de la rencontre. Notre façon d'arbitrer est trop pointilleuse, manque de sourire et d'oxygène", note Eric Castellani qui présida également le SAFE, le syndicat des arbitres d'élite durant une année et demie n'en déplaise aux dirigeants actuels qui n'ont pas daigné le préciser dans l'historique qui apparaît sur le site de l'instance. "J'ai été le premier président du SAFE lors des dépôts des statuts en 2006. J'ai ensuite été vice-président pendant deux ans puis président suite à la démission de Philippe Kalt en 2009. Cela m'a permis de faire la rencontre d'hommes politiques, des présidents de la FFF, LFP, de Ligues et Districts". Avec Frédéric Arnault, il se lança également dans une activité de conseils auprès de clubs de Ligue 1 et Ligue 2 il y a quelques années. "Nous sommes partis à la rencontre de plusieurs clubs comme Boulogne/Mer, Le Mans, Sedan, Valenciennes, l'AC. Ajaccio. Nous avons pu découvrir l'intérieur d'un club, les conséquences financières et sportives d'une erreur d'arbitrage pour un club. Des paramètres dont tu n'as pas conscience lorsque tu es en activité. Enrichissant d'avoir pu échanger avec des gens comme Nicolas Penneteau, Jean-Louis Leca, Franck Jurietti pour ne citer qu'eux".

 

Huit ans après la fin de sa carrière, Eric Castellani explique ne plus suivre la Ligue 1 mais porte "le plus profond respect pour l'OGC. Nice et son président, qui en peu de temps a réussi à sublimer ce club avec compétence et un peu de chance. La marge de progression reste importante".

 

 

Qui êtes-vous Eric CASTELLANI ?

 

Nom : CASTELLANI

Prénom : Eric

Date et lieu de naissance le 17 mai 1966 à Nice

Profession : Gérant de société

Club(s) : US. Cagnes, FC. Beausoleil dont le président, Monsieur Roger PICCINI m'a permis de trouver mon premier emploi. C'est une belle personne pour laquelle j'ai une grande estime

Débuts dans l'arbitrage en 1987

Parcours FFF :

-1996/1999 : Fédéral 5

-1999/2000 : assistant Fédéral 3

-2000/2002 : assistant Fédéral 2

-2002/2009 : assistant Fédéral 1

Arbitres attitrés : Claude Medam et Damien Ledentu

Palmarès :

-Finale de la Coupe de France en 2008 - PSG/LYON

-1/2 finale de Ligue des Champions en 2006 - MILAN AC/BARCELONE

-1/4 de finale d'Europa League en 2007 : FC. SEVILLE/TOTTENHAM

Une référence en matière d'arbitrage : Georges Konrath, Michel Vautrot et Gilles Veissière

Le ou les plus grands joueurs que vous avez croisés : Puyol, Weah, Ibrahimovic, Figo, Messi, Shevchenko, Rai, Zidane, Henry pour ne citer qu'eux

Les entraîneurs les plus "casse-pied" : Luis Fernandez et Jacques Santini

Le dirigeant, joueur ou entraîneur que vous aimeriez revoir : il y en a plusieurs. Rolland Courbis, Paul Le Guen, Alain Perrin, Eric Gerets, José Mourinho, Alex Ferguson, Louis van Gaal

Un stade : Wembley, San Siro et l'Estadio de Luz

Ton meilleur souvenir : la 1/2 finale de Ligue des Champions en 2006 et ma saison en Ligue 2 (2001/2002)

 

Lionel SCHNEIDER

 



16/07/2017
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