arbitrage57

Que deviennent-ils ? Portrait de Gilles CHERON, arbitre Fédéral 1 entre 1992 et 2000

28 ans de carrière et un parcours qui force le respect. Même si l’arbitre haut-savoyard a difficilement vécu sa descente en Ligue 2 au printemps 2000, il préfère ne conserver que les meilleurs souvenirs de ses vingt années passées à la Fédération.

 

Adrien vient saluer son papa pour son dernier match dans le Chaudron (crédit photo : Gilles Chéron)

 

Samedi 8 août 1992. Stade Jules-Deschaseaux du Havre. 1ère journée du championnat de France de D1. Le Havre de Pierre Mankowski accueille le montpelliérain Michel Mézy, qui débute sur le banc de Nîmes. L’arbitre de ce match connait également son baptême du feu ce soir-là. Il s’agit de Gilles Chéron, 34 ans et issu de la Ligue de Rhône-Alpes, contrôlé ce soir-là par Henri Didier. Après quatre saisons passées en D2, cet auxiliaire médical de profession a obtenu son ticket pour la Première Division comme on l’appelle encore à l’époque. Une suite logique pour celui qui a découvert les joies du sifflet très jeune. « J’arbitrai déjà les matchs de foot, rugby ou hockey lorsque j’étais au collège. J’ai alors décidé de passer l’examen car j’avais fait réviser les lois du jeu à un membre de ma famille », se rappelle Gilles Chéron, qui est reçu à l’examen d’entrée en 1975. Cinq ans plus tard, le voilà promu arbitre interrégional (F3 actuellement). Durant quatre saisons, il va emmagasiner de l’expérience. En 1987, Gilles Chéron grimpe encore d’un échelon et se retrouve en D2. Quatre saisons en Ligue 2 avant de s’envoler pour l’élite du football français où il fait ses débuts en 1992. Le natif de Sallanches comme Christophe Barbier, le directeur de la rédaction de L’Express, restera jusqu’en 2000 avant d’être relégué. « Le souvenir le plus triste de mon parcours. Mais il faut relativiser. Il y a des choses beaucoup plus importantes dans la vie. Même si j’avais une crainte car ma saison n’a pas été terrible, je conservais l’espoir du maintien à trois ans du terme de ma carrière. Ma descente en a surpris beaucoup, non pas sur ma valeur, mais c’était la première fois qu’un « ancien » (8 saisons en D1) rejoignait la D2 ». C’est l’époque où la solidarité entre collègues existe encore. Gilles Chéron peut en témoigner. « Lors de la publication des résultats, j’ai eu beaucoup d’appels et j’ai pu compter sur la présence de Pascal Parent, mon assistant qui descendait aussi et de Jean-Claude Lefranc venu à Annecy depuis Lyon me rejoindre chez André Delieutraz, président de l’UNAF Rhône-Alpes ».

 

FC. METZ/MONACO - Saison 1997/1998 - Championnat de France de D1

 

 

 « Si c’était à refaire, je signe de suite ! »

 

De sa carrière, le rhônalpin n’oublie pas ce 23 avril 1996 au Parc des Princes. Le club de la Capitale accueille Martigues. Les stars du PSG sont là. Lama, Raï, Guérin, Roche, Valdés pour ne citer qu’eux sont présents mais c’est dans le vestiaire des arbitres que se dirigent les journalistes présents ce soir-là. « Ce fût pour Nelly, le début d’un magnifique parcours », glisse Gilles Chéron au sifflet de cette rencontre. L’actuel président d’honneur de la section régionale de l’UNAF Rhône-Alpes sera également du match entre les norvégiens de Molde et le Real Madrid le 3 novembre 1999, baptême du feu de Nelly Viennot en Ligue des Champions. « L’arbitrage a été une expérience merveilleuse, pleine d’enseignements, des rencontres humaines fantastiques même si tout n’a pas été rose. Quand j’ai commencé en 1975, je ne pensais pas arriver au top. C’est donc un rêve qui se réalisait et non le déroulement d’une carrière. Il y a eu aussi les contraintes (stages, entraînements,…) non seulement pour moi mais surtout pour la famille et les proches. Mais si c’était à refaire, je signe de suite ! Même si le milieu a changé, et je ne sais pas si je pourrai. »

 

Feuille de match - PSG/MARTIGUES - Saison 1995/1996

 

 

 

 

 

21 04 96.jpg

 

Gilles Chéron, accompagné de Dominique Guillon, et Nelly Viennot qui fait ses débuts en D1 lors de PSG-Martigues (crédit photo : Gilles Chéron)

 

Gilles Chéron fût régulièrement le quatrième arbitre de Gilles Veissière dont il garde un excellent souvenir. « Nous sommes arrivés ensemble à la Fédération et faisons partie de la même promotion. Je me souviens d’un match de barrage entre Tours et Ajaccio, joué à Aix en Provence le 7 mai 1988 et arbitré par Joël Quiniou que nous assistions ce soir-là. Bien que nous ayons des personnalités bien différentes, nous avons toujours été proches. Gilles restera un grand arbitre. Il a marqué l’arbitrage français comme d’autres ».

 

Un dernier match dans le Chaudron

 

Et puis arrive ce vendredi 23 mai 2003, date du dernier match à la Fédération. Direction le chaudron de St-Etienne où les « Verts » accueillent Grenoble. Près de 200 arbitres et amis sont présents en tribunes pour honorer Gilles. « Inoubliable pour plusieurs raisons. Ce soir-là, j’avais trois amis avec moi : Pascal Parent, qui mettait fin à sa carrière de façon anticipée, Jean-Claude Lefranc et Claude Medam. Le derby, le chaudron et surtout, lors du coup d’envoi, notre fils Adrien (5 ans à l’époque) est venu m’embrasser sur le terrain. Le chaudron, le derby. Beaucoup d’émotion lors du coup de sifflet final. Beaucoup de joie et d’amitié lors de la soirée passée à l’Etraz qui a duré jusqu’au petit matin » raconte Gilles Chéron, un brin nostalgique. Claude Medam, 4ème arbitre ce soir-là se souvient d’un 16ème de finale avec Gilles à Guingamp en 2001. « Nommé arbitre fédéral 2 quelques mois plutôt, j’étais surpris que l’on me désigne sur ce match. J’appelle Michel Girard (qui désigne les arbitres à cette époque) et je lui dis qu’il y a probablement une erreur ». Girard lui répond que non et que c’est bien lui qui dirigera cette rencontre et Gilles Chéron sera le quatrième arbitre. « Lors de notre arrivée à Guingamp, les dirigeants viennent accueillir Gilles. Ils sont contents de le revoir. Gilles leur explique que c’est le « jeune » qui va faire le match. Je n’avais jamais eu un tel quatrième avec moi. Gilles ne m’a pas quitté une seconde durant le match. Un grand monsieur », se souvient l’ancien arbitre.

 

MANACO LE HAVRE 04 05 00 DERNIER MATCH EN DI.jpg

Dernier match de D1 pour Gilles Chéron au Stade Louis II pour le match des Champions de France face au Havre. Jean-Louis Planchez (à gauche) et Pascal Galibert (de dos) assistaient Gilles ce 4 mai 2000 (crédit photo : Gilles Chéron)

 

Le District de Haute-Savoie Pays de Gex, treize après la fin de carrière de Gilles Chéron, compte un représentant parmi les arbitres de Ligue 1. Il s’agit de Cyril Mugnier, 32 ans, promu assistant Fédéral 1. « C’est d’abord une grande joie pour Cyril Mugnier. Ensuite : ENFIN ! Avant Cyril, d’autres arbitres avaient rejoint le niveau national sans, malheureusement pouvoir atteindre le sommet de la pyramide. Je souhaite donc que les exemples de Jean Coulon et Cyril soient suivis ».  

 

 

 

Le maillot porté par Gilles Veissière lors de Real Madrid-Manchester United offert à Gilles (crédit photo : Gilles Chéron)

Qui êtes-vous Gilles CHERON ?

 

Nom : CHERON

Prénom : Gilles

Date et lieu de naissance : 19 juin 1958 à Sallanches (74)

Profession : Auxiliaire médical

Club : licencié au C.O. Chavanod depuis 1976

Débuts dans l’arbitrage en 1975

 

Parcours FFF :

 

-          1983-1986 : arbitre interrégional (F3)

-          1987-1991 : arbitre Fédéral 2

-          1992-2000 : arbitre Fédéral 1

-          2000-2003 : arbitre Fédéral 2

 

Arbitres attitrés : un duo d’assistants durant trois saisons avec Dominique GUILLON et Denis PITON. Pascal PARENT fût ensuite mon assistant pendant quatre ans.

Nombre de matchs arbitrés en Ligue 1 : 124

Nombre de matchs arbitrés en Ligue 2 : 187

 

Palmarès :

 

-          Finale de la Coupe des DOM 1990 remportée par la JS. Saint-Pierroise

-          Finale de la Division 4 en 1991

-          Finale de la Coupe de la Ligue 1997/1998 – PSG/BORDEAUX (arbitre remplaçant)

-          Trophée des Champions 1997/1998 – PSG/LENS

-          ½ finale de Coupe de France 94/95, 96/96 et 99/2000 (arbitre remplaçant)

-          Trophée des Champions 1999/2000 – MONACO/NANTES (arbitre remplaçant)

-          Finale de la Coupe des TOM 2000/2001 remportée par l’AS. Pirae

-          Premier match de Coupe de France à Mayotte – 2002/2003 – PAMANDZI-AVION

 

Une référence en matière d’arbitrage : Michel VAUTROT

Le ou les plus grands joueurs que vous avez croisés : Michel PLATINI et Zinédine ZIDANE

Le plus râleur des joueurs que vous ayez arbitré : Franck PRIOU

L’entraîneur le plus « casse pied » : Guy LACOMBE, un homme passionné très gentil en dehors de son banc mais une pile au bord du terrain

Un stade : le Stade de France. J’y ai arbitré à deux reprises en 1998 : pour la finale de la Coupe de la Ligue et lors du 32ème de finale Racing/Monaco en Coupe de France.

 

Une anecdote à raconter : une sortie difficile lors de Nice-Metz en 1988. J’étais l’assistant de Jean-Pierre Blouet ce soir-là. Jules Bocandé venait d’arriver sur la Côte d’Azur et nous lui refusons un but au cours du match. Mario Innocentini, le Président du club était furieux. Nous avions dû attendre longtemps avant de pouvoir quitter le stade du Ray. Jean-Pierre Blouet avait un cousin qui était à l’époque juge d’instruction et qui avait fait en sorte que tout rentre dans l’ordre.

 

Merci à Gilles CHERON pour la réalisation de cet entretien.

 

Lionel SCHNEIDER



23/08/2016
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi