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Franck Glochon, en passant par la Lorraine

Retiré des terrains depuis 2004, Franck Glochon partage ses journées désormais entre son activité professionnelle d’agent commercial, sa fonction de dirigeant à l’USJA Carquefou et accompagne l’un de ses fils qui a fait ses débuts dans le football. Rencontre avec ce Guérandais, qui a passé une grande partie de sa jeunesse en Lorraine.

 

 

 

Franck Glochon (photo ci-dessus) et la Lorraine, c’est une belle et longue histoire. Qui a commencé à Jarville, commune de près de 10000 habitants située dans la banlieue de Nancy. Après une carrière footballistique au sein de l’AS Richardménil, cet agent commercial de métier décide, après avoir occupé tous les postes sur le terrain, de prendre le sifflet pour la première à l’âge de 19 ans. « Le club avait besoin d’un arbitre pour être en conformité avec les statuts ». Arrive le premier match. « Rosières aux Salines-Seichamps » se souvient-il. Le début de l’aventure. Le club dissous, Franck Glochon doit en trouver un nouveau. Il trouve refuge à Jarville, club de l’agglomération nancéienne présidé par l’emblématique Isaac Niego dit « Pépone ». Franck Glochon découvre un club aux fondations solides et une véritable référence en matière de formation, dans un contexte pas toujours facile. Il fait la rencontre d’Alain Rigole (photo ci-dessous), le Guy Roux de Jarville. « J’appréciais le travail qu’effectuait Alain, que je connaissais déjà dans ce club auprès des jeunes. J’ai proposé mes services et je m’entraînais régulièrement avec l’équipe seniors » explique-t-il. Son arrivée au sein du club Meurthe et Mosellan va lancer sa carrière arbitrale.

 

 

 

Alain Rigole (source photo : www.estrepublicain.fr)

 

Sur les conseils de Roger Proust, dirigeant de la commission départementale d’arbitrage, l’homme en noir décide de grimper les échelons. En 1983, Franck Glochon est nommé arbitre de Ligue. Quatre ans plus tard, il est promu à la Fédération. D’abord interrégional, il passe ensuite fédéral 2 puis découvre l’élite le 2 août 1994 lors d’un Rennes-Le Havre au Stade de la Route de Lorient. La passion, avant tout guidait celui qui fît équipe avec Alain Gourdet, présent à l’Euro 1992. « J’ai eu une véritable chance de l’avoir à mes côtés. Alain est retraité désormais, pratique la marche à pied tout en s’occupant de sa famille, avec la discrétion qui le caractérise ».

 

Chaban-Delmas, un soir de février 2002

 

 

Bordeaux-Lorient, février 2002 (source photo : www.letelegramme.fr)

 

L’idylle entre Franck Glochon et la Ligue 1 va durer sept ans jusqu’à ce Bordeaux-Lorient, le 2 février 2002 qui sonnera la fin de sa carrière en Ligue 1 (il arbitrera encore deux matchs de L1 jusqu’à la fin de saison). Contrôlé ce soir-là par Michel Kitabdjian, Glochon accorde un pénalty aux Girondins que les Merlus contesteront longtemps, très longtemps. « Je n’avais jamais vu une prestation arbitrale si longtemps et largement commentée dans les médias, environ trois semaines » détaille Franck Glochon et poursuit : « en commençant la saison, je savais déjà que mes heures en Ligue 1 étaient comptées ». La suite ne lui donnera pas tort. En plus d’être suspendu un mois par la CCA (Commission Centrale de l’arbitrage) de l’époque dirigée par Michel Vautrot, Franck Glochon sera rétrogradé en Ligue 2 en mai 2002. « Lorsque j’ai été convoqué, on m’a très peu parlé du match en m’expliquant que ma prestation serait sanctionnée par une note qui est à la discrétion du contrôleur. Les faits qui m’étaient reprochés ne concernaient pas le match. Le motif de ma mise à l’écart fût : comportements inadaptés autour des matchs. A la fin de saison, il leur était facile de dire : vous voyez, les mauvais arbitres ont été rétrogradés ».

 

« J’ai préféré arrêter, par dignité »

 

Franck Glochon raccroche définitivement le sifflet en 2004 au Stade Jules Deschaseaux lors d’un Le Havre-St Etienne. L’intéressé se rappelle parfaitement de ce dernier match. « Les deux équipes jouaient la montée en L1. La rencontre s’est terminée sans le moindre carton malgré l’enjeu ». Quelques jours plus tard, l’annonce de sa descente en National est officialisée. « J’ai préféré arrêter, par dignité plutôt que d’aller arbitrer en National ».

 

Une fois sa carrière terminée, Franck Glochon assigne la Fédération Française de Football en justice. La raison ? L’ancien arbitre, suite à sa rétrogradation en National perdait 60% de ses revenus et réclamait 150 000 € devant le Conseil des Prud’hommes en 2006, qui condamna la FFF à verser 30 000 € à l’arbitre Nantais pour « licenciement sans cause réelle et sérieuse ». L’affaire a longtemps fait trembler l’instance fédérale qui obtiendra finalement un jugement favorable. « Si la majorité des gens a pensé et dit que je n’avais qu’une ambition financière personnelle, le but que je m’étais fixé était de faire évoluer le statut des arbitres de Ligue 1 et Ligue 2, et par répercussion à l’ensemble des arbitres. Je pense que cette action a eu des effets positifs dans les conditions de pratique pour ceux qui m’ont suivi dans cette belle fonction » détaille Franck Glochon. La Ligue 1 rythme encore ses week-ends puisque Franck se rend régulièrement au Stade de la Beaujoire avec son plus jeune garçon passionné de football. « Lorsque l’on a arbitré durant 25 ans, dont sept en Ligue 1 (96 matchs), on ne peut pas totalement tirer un trait sur ce football qui nous a tant pris ».

 

 

 

 

 Le Stade de la Beaujoire et son formidable public 

 

Depuis, Franck Glochon a tourné la page de l’arbitrage. Pas tout à fait puisqu’il recevait les arbitres lors des matchs à Carquefou, lorsque le club évoluait en National. Le club, aux portes de la Ligue 2 en 2013, évolue désormais dans l’anonymat de la Division d’Honneur et lutte pour ne pas descendre. « Michel Auray, le président emblématique est parti, avec le souci majeur de laisser des finances saines. Le club a l’ambition de se stabiliser en DH et de miser sur les jeunes du club. Carquefou, c’est plus de 600 licenciés, club amateur le plus important de la Ligue d’Atlantique. Une belle histoire a été écrite, il nous appartient, avec l’ensemble des dirigeants et forces vives, d’en écrire une nouvelle ».

 

 

Quel est votre avis sur…

 

La sélection de Turpin à l’Euro

 

« Clément Turpin a de véritables qualités et mérite de participer à de grandes compétitions. Il y en a d’autres qui le mériteraient aussi. La France est une grande nation de football et doit être représentée dans ces compétitions. Mais des vecteurs politiques interviennent, dont seuls les auteurs en connaissent les rouages »

 

L’augmentation des indemnités des arbitres de L1/L2

 

« Il me paraît normal qu’à la vue des exigences demandées aux arbitres, ils demandent à être augmentés. Et en France, pour avoir un peu, il faut demander beaucoup. »

 

Souvenirs souvenirs

 

 

St Symphorien et le FC Metz

 

« Le FC Metz et l’ASNL ont été les deux clubs qui ont bercé mon éducation footballistique. J’ai une amitié particulière à leur égard. Le Président Molinari a été une figure marquante de notre football national, de par sa personnalité attachante, qui savait prendre le recul nécessaire face aux évènements. Il a su conserver cette ambiance familiale au sein de son club tout comme Jacques Rousselot à Nancy. Ils ont quelques points communs. »

 

 

Franck Glochon garde un très bon souvenir de ses venues à Metz

                                                                   

La Lorraine

 

« Je garde forcément un bon souvenir de cette région puisque j’y ai grandi, y étant arrivé vers mes deux ans. Mes deux filles ont grandi là-bas. Personne ne pourrait dire ce qu’aurait été ma carrière si je n’étais pas passé par cette belle région que j’ai totalement découverte grâce à mes déplacements en tant qu’arbitre de Ligue. »

 

 

1994 : Marseille-Châteauroux

 

« Mon premier match au stade Vélodrome…qui n’a pas du tout eu la tournure qu’il aurait dû avoir, puisque qu’à la 15ème minute de jeu, l’OM s’était créé une multitude d’occasions de marquer sans y parvenir. Et la première fois que Châteauroux a franchi la ligne médiane, ce qui n’est qu'une image, marque un premier but. Sur cinq contre-attaques de ce type, ils marquent quatre buts, ce qui fait de ce match la plus lourde défaite par la différence de but depuis 20 ans subie par l’OM à domicile. Et dans ce cas, il faut un responsable, qui est souvent le même en pareilles circonstances, à savoir l’arbitre. Il est certain que j’ai inscrit mon nom dans l’histoire de ces deux clubs pour des raisons opposées. Je pense que si ça avait été un autre arbitre  cela aurait été pareil, c’est tombé sur moi… »

 

 

 

 Paul Le Guen, homme apprécié par Franck Glochon

 

Nom : GLOCHON     

Prénom : Franck

Date et lieu de naissance : 24/11/1959

Profession : Agent commercial

Joueur (période) : 3 saisons

Clubs : A.S Intermaché – A.S Richardménil

Débuts dans l'arbitrage en : 1978

Arbitre FFF (période) :1988-2004

Quels étaient vos assistants ? Alain Gourdet et tous ceux désignés par la Fédération. Lors de l’arrêt dû à la limite d’âge d’Alain, je n’ai pas souhaité prendre une autre personne.

Une référence en matière d’arbitrage : Pierluigi Collina (photo ci-dessous)

 

 

 

Le plus grand joueur que vous avez croisé : Les quatre joueurs que j’ai arbitrés lors du match Martigues-Bordeaux et qui ont participé à la finale de la Coupe du Monde 98. Il y a aussi entre autre Seydou Keita alors qu’il jouait à Lorient, Sylvain Wiltord que j’appréciais particulièrement, et les débuts à Cannes de Patrick Vieira. Paul Le Guen, pour l’homme et Raï pour l’immense joueur qu’il a été.

Les joueurs les plus râleurs que vous ayez arbitrés : Frédéric Meyrieu, Cyril Rool, Thierry Laurey, Michel Der Zakarian

L’entraîneur le plus « casse pied » ? Francis Smérécki

Un stade que vous appréciez en particulier : le Stade Michel d’Ornano de Caen

Une anecdote : Loulou Nicollin qui est venu me faire la bise sous ma douche pour me saluer après s’être excuser des propos qu’il avait tenu lors d’une interview traquenard pour lui.

Votre plus grand regret ? Ne pas avoir pu faire ma dernière saison en L2, pour  laquelle je n’avais que la seule envie de rendre visite une dernière fois à Nancy, Metz, Caen et Montpellier.

 

Merci à Franck Glochon pour cet entretien.

 

Lionel 



16/02/2016
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