L'arbitrage allemand toujours sous haute tension
Felix Brych et Manuel Gräfe étaient tous deux désignés en tant qu'arbitre assistant vidéo le week-end dernier en Bundesliga. Une sanction suite à la réunion de mardi dernier qui a tournée aux règlements de comptes. Depuis plusieurs jours, les langues se délient et l'arbitrage allemand est au bord de l'implosion.
Herbert Fandel (à gauche) et Hellmut Krug dans la tourmente (source photo : www.bild.de)
Après les accusations de Manuel Gräfe et Felix Brych, deux autres anciens arbitres ont dénoncé la direction de l'arbitrage allemand. Carsten Kadach n'est pas n'importe qui outre-Rhin. A son actif, cet ancien arbitre assistant international compte une finale de Ligue des Champions en 2007 (Milan AC/Liverpool), une finale de coupe de l'UEFA en 2006 (Middlesbrough/FC. Séville), un 1/4 de finale à l'Euro 2008 (Espagne/Italie) ou encore une participation à la coupe des Confédérations en 2005. Tous ces grands rendez-vous, Carsten Kadach les a vécus aux côtés d'Herbert Fandel. Dans une interview parue dans le quotidien Bild vendredi, Kadach, ancien observateur confirme qu'il y a "une tentative constante de manipulation sur les observateurs". Avec un exemple saisissant à l'appui : "en octobre 2016, j'évaluais la prestation de Robert Hartmann à l'occasion du match entre l'Union Berlin et Hanovre. Je lui avais délivré la note de 8,7 (sur 10). Rainer Werthmann, membre de la commission d'arbitrage de la DFB (Deutsche Fussball Bund) et bras droit d'Hellmut Krug m'a demandé de revoir mon jugement et de réduire la note à 8,5", relate Kadach qui refusa. Il ne fût pas convié au stage de rentrée des observateurs l'été dernier. Ses rapports avec Fandel sont devenus glaciaux : "Herbert ne s'intéresse qu'à sa personne pour espérer. Il avait annoncé, lors de son arrivée, qu'il prônerait la transparence. C'est l'inverse qui s'est produit.
Carsten Kadach (à gauche) aux côtés d'Herbert Fandel lors de l'Euro 2008 (source photo : www.dfb.de)
Krug a été le mentor de Zwayer
Le 28 mars dernier se jouait une rencontre amicale entre l'équipe de France et l'Espagne au Stade de France. Un match pas comme les autres puisque l'assistance vidéo faisait ses grands débuts ce soir-là. La désignation de Felix Zwayer avait suscitée l'incompréhension parmi les arbitres allemands qui voyaient en Felix Brych, le numéro 1 actuel un choix bien plus cohérent. Derrière cette désignation de Zwayer se cache en réalité un jeu politique qui a permis à l'arbitre berlinois d'arriver au plus haut niveau. Qu'il n'aurait pu atteindre sans le soutien d'Hellmut Krug, en charge de l'instauration de l'assistance vidéo à la DFB et qui a été le mentor de Zwayer il y a quelques années. "Krug a un pouvoir énorme", expliquait récemment Manuel Gräfe. L'avenir de l'arbitrage allemand appartient même à Zwayer. Peter Gagelmann, qui a mis un terme à sa carrière il y a deux ans et désormais consultant pour la Sky "regrette que ces affaires se règlent sur la place publique. Il semble y avoir des opinions différentes parmi les arbitres". Sur le site Sportbuzzer, on apprend par exemple comment Markus Wingenbach a été rétrogradé en deuxième division allemande. Promu en 2010 en Bundesliga, Wingenbach ne fera pas long feu dans l'élite, se voyant relégué deux ans plus tard. Proche de Theo Zwanziger, Président de la DFB de 2004 à 2012, Wingenbach est issu du même club (le VFL Altendiez) que le dirigeant allemand, qui quittera ses fonctions en 2012 quand la même année Wingenbach retrouve la deuxième division allemande. Fandel, arrivé en mai 2010 à la tête de la commission d'arbitrage trouvera en Wingenbach le coupable idéal.
Brych : "Les observateurs peuvent rester à la maison si les notes sont corrigées"
L'interview de Babak Rafati vendredi sur le site Sport 1 a fait du bruit. Rafati avait tenté de mettre fin à ses jours en novembre 2011 dans le chambre de son hôtel avant le match de Bundesliga entre Cologne et Mayence. Depuis, l'ancien arbitre, devenu consultant et auteur d'un livre dans lequel il raconte son parcours, est un observateur écouté et respecté outre-Rhin. Dans cet entretien, il explique avoir été "l'objet de menaces, d'intimidations" émanant de sa hiérarchie. "Lors d'un rassemblement d'arbitres, Hellmut Krug nous a avait diffusé des vidéos et n'était pas satisfait de nos prestations. Manuel Gräfe avait pris la parole et ça a dégénéré. Felix Brych avait notamment dit que si les notes étaient corrigées, les observateurs pouvaient rester à la maison", raconte Rafati.
Conséquences de la réunion de mardi au siège de la DFB, Felix Brych et Manuel Gräfe étaient désignés respectivement le week-end dernier sur Hambourg/Bayern Munich et Fribourg/Hertha Berlin en qualité d'arbitre assistant vidéo.
Lionel SCHNEIDER
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