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Que deviennent-ils ? Portrait de Jean-Marc RODOLPHE, arbitre Fédéral 2 (2000/2005)

Premier footballeur à se reconvertir au sifflet, Jean-Marc Rodolphe n’a pas quitté les terrains depuis son dernier match entre Wasquehal et Nîmes en 2005. Retour sur un parcours qui détonne.

 

 

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Le vendredi 13 mai 2005, Jean-Marc Rodolphe dirige – sans le savoir – son dernier match de Ligue 2 entre Angers et Brest. L’ancien gardien de but prend le sifflet pour la première fois en 1997. Bénéficiant d’une passerelle initiée par Claude Simonet, Président de la FFF entre 1994 et 2005 et Joël Quiniou, alors manager des arbitres d’élite, Jean-Marc Rodolphe fait rapidement ses preuves dans sa nouvelle tunique. Il peut compter sur le soutien de l’ancien arbitre international cristolien mais aussi de René Lopez et Georges Konrath et de Philippe Piat et Joël Delpierre de l’UNFP (Union Nationale des Footballeurs Professionnels). Philippe Hinschberger, qui fût le coéquipier de Jean-Marc Rodolphe au FC. Metz se rappelle « avoir eu à côtoyer quelqu’un qui apportait une vraie fraîcheur. J’aimais sa façon d’arbitrer. Nous avions de bons rapports même si je suis allé le voir à la mi-temps d’un match à Dijon lorsque j’entraînais Louhans-Cuiseaux pour lui dire mon mécontentement suite à certaines décisions (rires) ». En mars 1997, ce meurthe et mosellan de naissance – il est né à Laxou (ce qui ne l’empêcha pas de d’arbitrer l’ASNL) – dirige son tout premier match à l’occasion de Chooz/Bourg Rocroi, rencontre à l’échelon régional dans l’ancienne Ligue Champagne-Ardenne. Dans un France Football du 18 mars 1997 où il revient sur ses débuts, Jean-Marc Rodolphe reconnaît « être sorti des standards de l’arbitrage. Le contrôleur m’avait reproché de trop materner les blessés, comme si je me sentais encore dans la peau d’un joueur ». Son arrivée au sifflet, Jean-Marc Rodolphe l’avait préparée mais la terrible blessure de Jean-Louis Mazzéo lors d’un Sedan/Martigues décisif pour la montée en Ligue 1 lors de la saison 1992/1993 l’a conforté dans sa décision. Le milieu de terrain évoluant à Sedan est victime ce soir-là d’une double fracture ouverte du tibia-péroné. 

 

Sous le maillot du PSG pendant deux mois !

 

Avant de choisir l’arbitrage comme reconversion, Jean-Marc Rodolphe a mené une belle carrière de footballeur professionnel. Après s’être essayé à la natation, il signe sa première licence de footballeur à Blénod en 1976. Il intègre ensuite le FC. Metz avec qui il va vivre ses plus grandes émotions comme ce 3 octobre 1984 où les Grenats éliminent le FC. Barcelone (4-1) après avoir été battus (2-4) à l’aller. Doublure de Michel Ettorre ce soir-là, Jean-Marc Rodolphe est conscient d’avoir été de l’un des exploits les plus retentissants du football français. Après plus de 55 matchs disputés sous le maillot Grenat, destination l’Ile de Beauté et le Sporting Club de Bastia. « Je n’ai pas forcément bien vécu ce départ suite à une nouvelle orientation. Un vrai bonheur une fois sur place », explique l’intéressé. Il ne restera qu’une saison en Corse avant de s’envoler pour Le Mans où il restera deux ans. Il rejoint ensuite Sedan où il prend plaisir à travailler sous la direction de Michel Leflochmoan. « Nous nous entendions bien. Il était respectueux du caractère des uns et des autres. C’était un dynamiseur de groupe. La saison 1988/1989 à Metz et la saison 1992/1993 sont les deux plus belles périodes de ma carrière », se souvient Jean-Marc Rodolphe qui n’oublie pas Bruno Metsu, parti trop tôt, qu’il a connu à Sedan. « On avait forcément envie de le suivre. Il était quelqu’un d’hyper exigeant ». A l’été 1996 après une cinquantaine de matchs dans l’élite, Jean-Marc Rodolphe reçoit un coup de téléphone de Jean-Michel Moutier, alors directeur sportif du PSG. Plutôt inattendu ! « J’ai signé au PSG mais en tant que stagiaire ce qui ne me permettait pas d’être aligné en championnat ». Jean-Marc Rodolphe restera deux mois dans le club de la Capitale, y côtoyant les Rai, Leonardo, Le Guen, Guérin, Roche, Fournier. Un grand souvenir.

 

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Les héros de Barcelone autour du Président Carlo Molinari lors du match Metz/Le Havre en mai 2013 (source photo : www.fcmetz.com)

 

En repassant par la Lorraine

 

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Jean-Marc Rodolphe sous le maillot Grenat (source photo : www.fcmetz.com)

 

Jean-Marc Rodolphe n’a jamais pu vraiment se défaire de ce football qui jalonne son quotidien. Conseiller Technique régional détaché au District Mosellan de Football depuis 2013, il exerça plusieurs professions par le passé. Footballeur professionnel, ce grand amateur de golf a également été professeur d’EPS ou formateur au CREPS de Reims. Jean-Marc Rodolphe a entraîné les gardiens du Stade de Reims tout en continuant à arbitrer à l’échelon national avec l’autorisation de Michel Vautrot, patron de l’arbitrage français  à l’époque. Il retrouvera le club à la Croix de Lorraine en 2006 où il prend en charge les gardiens du centre de formation d’abord avant d’intégrer le staff technique d’Yvon Pouliquen, qui succède à Francis De Taddéo en décembre 2007. « Un aboutissement par rapport à ma personnalité. Revenir à Metz en plus ! Beaucoup de bons souvenirs à travailler avec Christophe Marichez, Oumar Sissokho, Germano Vailati, Joris Delle et Romain Ruffier ». Entre 2014 et 2017, Jean-Marc Rodolphe côtoya les équipes de France jeunes dans les catégories U18, U19 et U20. L’équipe U20 avec Lucas Hernandez, Lys Mousset, Moussa Dembélé, Bingourou Kamara ou encore Florian Escales.

 

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Jean-Marc Rodolphe aux côtés de Germano Vailati, gardien suisse passé par le FC. Metz (source photo : www.fcmetz.com)

 

Au printemps 1995, sollicité par Claude Vissac, Jean-Marc Rodolphe accepte de faire équipe avec le maire de Sedan depuis 1989 lors des élections municipales. Mais c’est le socialiste Jean-Paul Bachy qui remportera la mairie de Sedan. Claude Vissac sera emporté par la maladie six mois après sa défaite aux municipales.

 

Cet ancien pensionnaire de la section sportive du Lycée Robert Schuman à Metz est promu en CFA (Championnat de France Amateur) quelques mois après ses débuts au sifflet. Le 8 août 1998, alors que l’arbitrage français est en pleine crise après l’éviction de Joël Quiniou, Jean-Marc Rodolphe débute sa première saison en National lors de Valenciennes/Noisy le Sec.  L’ancien joueur va diriger des rencontres de National durant deux saisons et composer son équipe avec l’arrivée de Dominique Calio en 1998 puis de Régis Truchon lors de son accession en Ligue 2 en 2000. Ses débuts en Ligue 2 ont lieu au Stade René Gaillard lors d’un Niort/Angers le 29 juillet 2000. S’en suivront plus de 75 rencontres dans l’antichambre de l’élite que Jean-Marc Rodolphe a côtoyée à plusieurs reprises en tant que quatrième arbitre mais aussi en qualité d’arbitre central. Une première fois le 24 février 2002 lorsque Pascal Garibian est contraint de céder sa place à la mi-temps de Sochaux/Lyon. La grande équipe de Lyon est là au complet : Anderson, Coupet, Juninho, Luyindula, le regretté Marc-Vivien Foé ou encore Carrière. A ce dernier, Jean-Marc Rodolphe refusera l’égalisation, le milieu de terrain lyonnais s’étant aidé de la main pour marquer. Un an plus tard, Jean-Marc Rodolphe remplacera Patrick Lhermite lors d’Auxerre/Le Havre, l’arbitre francilien s’étant fracturé le tibia suite à un choc avec l’auxerrois Kuami Agboh.

 

Le résumé de Sochaux/Lyon le 24 février 2002 en Ligue 1

 

 

Philippe Hinschberger : « Il n’entrait pas dans le moule »

 

« Il a cassé les codes. Il s’est fait rattraper par la patrouille. Son arrivée dans le milieu n’était pas bien perçue. Il n’entrait pas dans le moule. Jean-Marc est quelqu’un d’atypique » tranche  Philippe Hinschberger qui évoque « un personnage attachant capable de manger du Nutella l’après-midi d’un match lorsqu’il était footballeur professionnel ». L'ancien entraîneur des Grenats n’oublie pas cette séance d’entraînement avec le FC. Metz où Jean-Marc Rodolphe, lors d’une sortie aérienne, le percuta. « Il m’avait défoncé le nez ! » en sourit maintenant l’intéressé qui se réveilla au bloc opératoire après avoir été opéré par le Docteur Denis Jacquat. Personnage entier, Jean-Marc Rodolphe expulsa même son pote Sylvain Matrisciano, alors coach du Stade Brestois - avec qui Jean-Marc Rodolphe passa le Diplôme d'entraîneur de football (DEF) - lors d’un match de National à Viry-Châtillon en 2002. L’ancien adjoint de Willy Sagnol au Girondins de Bordeaux raconte : « je situe bien ce match. Jean-Marc Pilorget entraînait Viry-Châtillon. J’avais joué face à Jean-Marc Rodolphe lorsque j’évoluais à Nancy. Nous nous connaissions déjà. Au cours du match, je m’en étais pris à deux joueurs adverses. Jean-Marc m’avait expulsé à juste titre. Cela ne nous avait pas empêché d’aller dîner ensuite dans un restaurant japonais. Nos relations étaient restées les mêmes ». Inimaginable aujourd’hui pourrait-on dire. Imprévisible également. Lors d’un Sochaux/Nice en 2002 arbitré par Philippe Kalt, il décide carrément de boycotter le traditionnel dîner après la rencontre, n’ayant pas apprécié le comportement de l’arbitre alsacien. Jean-Marc Rodolphe explique avoir « débarqué dans un milieu qu’il ne connaissait » et dont il ne maitrisait pas les codes.

 

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Souvenirs d'une carrière d'arbitre. Avec Régis Truchon (à gauche) et Dominique Calio (à droite) sur la photo du haut (crédit photo : Jean-Marc Rodolphe)

 

La der à Wasquehal

 

Son dernier match à l’échelon national a lieu le 27 mai 2005 lors de Wasquehal/Nîmes au Stadium Nord de Villeneuve d’Ascq. « Il s’agissait du dernier match de Dominique Calio. Pour ma part, je me doutais un peu de ce qui allait m’arriver ». Rétrogradé après été classé dernier parmi les arbitres Fédéraux 2 (avec une note de 15,57) et voyant son rêve de découvrir la Ligue 1 avec le sifflet brisé, Jean-Marc Rodolphe décide de raccrocher le sifflet. "Il pensait aller dans la bonne direction et il s'est pris un coup derrière la tête", expliquait Joël Delpierre, chargé de reconversion à l'UNFP à l'époque dans un article paru dans le Magazine L'Equipe du 22 octobre 2005. Michel Vautrot dans le même article : "je pense qu'il y avait de la jalousie". Une fois sa carrière à la Fédération terminée, Canal+ proposa à Jean-Marc Rodolphe le rôle d’homme de terrain qu’il occupa quelques temps sur la chaine cryptée. Il interviendra également sur Ma Chaine Sport où il commenta des rencontres de Ligue 2 en compagnie notamment de Thomas Desson.

 

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Avec Miss Martinique lors d'un match de Coupe de France (crédit photo : Jean-Marc Rodolphe)

 

 

Jean-Marc Rodolphe sillonne désormais les terrains de Lorraine, va former les futurs entraîneurs, détecter les jeunes talents et accompagne les clubs dans leur développement. A-t-il l’ambition de retrouver le staff technique d’un club professionnel un jour ? « Je serais attentif à toutes les propositions. J’y serai favorable mais je suis sans illusions ». En retrait du milieu de l’arbitrage depuis treize ans, Jean-Marc Rodolphe estime que « rien n’a fondamentalement changé si ce n’est la professionnalisation de l’arbitrage ». Et si c’était à refaire ? « Oui sans hésitation. Je me suis éclaté ! »

 

Qui êtes-vous Jean-Marc Rodolphe ?

 

Nom : RODOLPHE

Prénom : Jean-Marc

Date et lieu de naissance : 12 août 1964 à Laxou (54)

Professions : Footballeur professionnel, professeur d’EPS, formateur au CREPS de Reims, formateur en moniteurs d’équitation, professeur en salle de remise en forme, consultant, entraîneur

Clubs (joueur) : Blénod, FC. Metz, Sporting Club de Bastia, Le Mans, Sedan, PSG

Clubs (entraîneur) : Stade de Reims (entraîneur des gardiens), Chalons en Champagne (entraîneur-adjoint de l’équipe fanion en CFA), Reims Ste-Anne (entraîneur-adjoint de l’équipe fanion en CFA2), FC. Metz (entraîneur des gardiens au centre de formation et chez les pros)

Débuts dans l’arbitrage en 1997

Parcours FFF :

-1996/1997 : Arbitre de Ligue

-1997/1998 : Fédéral 4

-1998/2000 : Fédéral 3

-2000/2005 : Fédéral 2

Nombre de matchs en Ligue 2 : 76

Arbitres assistants attitrés : Dominique Calio et Régis Truchon

Une ou des références en matière d’arbitrage : Stéphane Bré, Joël Quiniou et Alain Sars

Le ou les plus grands joueurs que tu as croisés : Rai, Ronaldinho, Djibril Cissé, Jean-Pierre Papin

Le joueur le plus « méchant » contre lequel tu as joué : José Touré

L’entraîneur le plus « casse-pied » : Philippe Hinschberger

Un stade : le Parc des Princes et Geoffroy-Guichard

 

Lionel SCHNEIDER



11/05/2018
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