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Que deviennent-ils ? Portrait de Michel LANET, ancien arbitre Fédéral 4 (1995/2005)

Venir à l'arbitrage après avoir bousculé un arbitre assistant en tant que joueur. C'est le cas de Michel Lanet, actuel président de la Commission Départementale d'arbitrage du District Rhône-Durance et ancien sifflet du championnat de France amateur. Portrait d'un homme qui a su profiter de cette expérience malheureuse pour construire une belle carrière fédérale.

 

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Michel Lanet au second plan (crédit photo : Michel Lanet)

 

A dix ans déjà, il s'essayait au sifflet dans la cour de son école lors de matchs de football mais aussi à l'occasion de tournois de tennis. "Pour me faire de l'argent de poche", explique Michel Lanet. Ce marseillais de cœur signe sa première licence en tant que joueur. Caractériel, parfois impulsif, Michel Lanet reconnaît "être souvent entré en conflit avec les arbitres car je ne supportais pas l'injustice dont je m'estimais victime". En 1987, lors d'une 1/2 finale de coupe départementale, il bouscule l'un des arbitres assistants de la rencontre, président de la commission départementale d'arbitrage du District Rhône-Durance auquel il succèdera quelques années plus tard. "J'ai d'ailleurs renoué très vite des liens avec ma victime d'un soir et nous avons souvent arbitré ensemble par la suite. Je regrette évidemment cette erreur de jeunesse, mais je considère que c'est un mal pour un bien, car sans cet évènement malheureux, je n'aurais jamais franchi le pas". Ecarté des terrains durant plusieurs mois en raison de sa suspension, Michel Lanet choisit la voie de l'arbitrage qui lui permet de réduire sa peine mais il ne rejouera plus, préférant vivre pleinement sa passion du sifflet. 

 

"Une chance inouïe d'avoir pu approcher le haut niveau"

 

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Après avoir réussi les examens au titre d'arbitre de Ligue, Michel Lanet fait ses débuts à la Fédération en 1995. S'il n'a pas eu la possibilité d'arbitrer chez les pros, l'actuel patron de l'arbitrage vauclusien garde d'excellents souvenirs des dix années où il a eu le privilège d'arborer l'écusson bleu-blanc-rouge. "J'ai conscience d'avoir eu une chance inouïe d'avoir pu approcher le haut niveau pendant près d'une décennie. D'autant que je suis passé arbitre de la Fédération à 32 ans, ce qui est impensable aujourd'hui. Au-delà du fait que j'ai pratiqué une activité valorisante, enrichissante, formatrice, dans un sport que j'apprécie, je retiens surtout les rassemblements à Clairefontaine et Marcoussis où j'ai pu côtoyer les arbitres français de tout premier plan tout en partageant des moments agréables avec mes camarades de la Ligue Méditerranée".

 

"L'arbitrage français a besoin d'une tête de gondole"

 

Depuis son dernier match - "OM/Ile Rousse en CFA" - Michel Lanet est resté impliqué dans le domaine de l'arbitrage puisqu'il a été nommé à la présidence de la commission départementale en juin 2015. Il est également membre du comité de direction de son district. "Cela me permet de faire passer plus rapidement certains messages". Une mission difficile à l'heure où l'arbitrage est touché par une crise de vocation. "L'arbitrage français a besoin d'une "tête de gondole" qui soit présent régulièrement sur les matchs décisifs de Ligue des Champions, à l'Euro et en Coupe du Monde. Cet arbitre susciterait des vocations comme Manaudou pour la natation ou Riner pour le judo. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Nous n'avons personne au très haut niveau et je n'aperçois pas le bout de ce tunnel car je trouve nos arbitres d'élite trop frileux, pas assez charismatiques et trop uniformes dans leur arbitrage. Et dès que certains sortent de ce carcan, ils sont de suite remis à leur place, soit par les journalistes, soit par les présidents de club, soit par leur encadrement", détaille l'intéressé qui est le dernier à avoir représenté le District Rhône-Durance sur les terrains de l'Hexagone : "il y a de très bons jeunes dans notre district qui sont promis à un bel avenir s'ils continuent de travailler. Mais la différence avec mon époque, c'est qu'aujourd'hui, l'arbitrage fédéral est un vrai projet de vie. On devient arbitre Fédéral à 23,24, 25 ans. Au-delà, c'est pratiquement impossible. Cela implique de débuter très jeune, franchir les étapes en moins de dix ans, se consacrer exclusivement à l'arbitrage, en plus des études et de sa vie sociale. C'est très difficile", explique Michel Lanet qui déplore le manque de moyens dont dispose les commissions d'arbitrage : "nous sommes composés uniquement de bénévoles".

 

Président dynamique et respecté, Michel Lanet organise toujours et encore ses week-ends autour du football et de l'arbitrage à travers "les observations d'arbitres en Ligue Méditerranée, mes passages inopinés sur les terrains départementaux, les actions menées par la CDA (stages, tests physiques, tournois, finales, réunions) et le temps que je consacre à mon épouse et à ma petite-fille". Tout un programme !

 

Qui êtes-vous Michel Lanet ?

 

Nom : LANET

Prénom : Michel

Date et lieu de naissance : le 9 septembre 1961 à Marseille

Profession : responsable administratif dans un service municipal des sports

Clubs : SMUC Marseille, club universitaire omnisports, mon club de cœur, là où tout a commencé !

Débuts dans l'arbitrage : 1988/1990 : arbitre du District Rhône-Durance - 1990/1995 : arbitre de la Ligue de Méditerranée

Parcours FFF :

-1995/2000 : Fédéral 5 - matchs de CN3 à l'époque (Nationale 3 maintenant)

-2000/2005 : Fédéral 4 - matchs de CFA à l'époque et quatrième arbitre en Ligue 2

Nombre de rencontres arbitrées : 18 années d'arbitrage à 35 matchs par an en moyenne soit près de 600 rencontres

Une référence en matière d'arbitrage : Michel Vautrot, un homme admirable, d'une extrême gentillesse et d'une grande modestie au regard de son immense parcours. Nous avions la même corpulence, mais pas le même niveau et j'ai eu la chance d'arbitrer avec lui ainsi que Robert Wurtz et Michel Girard lors d'un tournoi en salle à Marseille (avec le grand OM) lors de mes débuts au sifflet en 1989

Le ou les plus grands joueurs que vous avez croisés : à mon modeste niveau, j'ai eu la chance d'arbitrer en tant qu'assistant le grand OM en septembre 1993 après leur victoire en Ligue des Champions. Même si c'était en pleine affaire VA/OM et que l'ambiance était lourde, je peux dire que j'ai croisé de grands joueurs et côtoyé mes idoles

Le plus râleur des joueurs que vous avez arbitré : pas de souvenir précis. Bien sûr que j'ai croisé des joueurs difficiles. Mais maintenant, quand nous nous retrouvons, nous en parlons sans problème et ce ne sont que de bons souvenirs

L'entraîneur le plus "casse-pied : Michel Estevan

Le joueur ou l'entraîneur que vous aimeriez revoir : Jean-Marc Furlan, un homme remarquable

Un stade : Le stade Louis II de Monaco. C'est un bon souvenir car c'est le seul stade de Ligue 1 dans lequel j'ai arbitré. Lors de ce match de CFA, Didier Deschamps, alors entraîneur de l'ASM, était présent en tribune et je l'ai présenté à mon fils qui m'accompagnait. Depuis ce jour, il est un fervent supporter de Monaco, à mon grand désarroi, moi supporter de l'OM !

Une anecdote : toujours lors de ce match amical à Avignon en 1993, avec l'OM, tout récent champion d'Europe, j'avais prévu avec un ami photographe de me faire prendre en photo avec mon fils et Bernard Tapie à la mi-temps. Mais à la première minute, celui-ci m'a invectivé de manière très grossière et ne m'a plus lâché pendant toute la première période. Lorsque la mi-temps a été sifflée, mon fils et le photographe se sont précipités vers moi comme prévu. Mais, profondément vexé, j'ai refusé de prendre la photo. Je ne le regrette pas aujourd'hui.

Votre pire souvenir : Incontestablement ma finale de coupe Rhône-Durance en mai 1993. Ne voulant pas gâcher la fête, je n'ai pas voulu sanctionner trop tôt certains joueurs qui en ont profité, et le match m'a échappé. Mon plus mauvais match compte tenu du contexte, mais qui m'a beaucoup servi par la suite.

 

Pour ou contre l'assistance vidéo : J’ai un avis très partagé sur la question. D’un côté je ne peux pas nier l’évidence : la vidéo permet d’éviter ou de rectifier des erreurs grossières de la part d’un arbitre. Aujourd’hui, il est incroyable de constater que tout le monde peut, en quelques secondes, savoir si l’arbitre s’est trompé. Tout le monde sauf l’arbitre lui-même. Il est temps de lui donner les moyens supplémentaires pour prendre la bonne décision.

Mais d’un autre côté, je n’ai pas confiance dans la nature humaine et plus particulièrement  dans celles des entraîneurs et dirigeants du football. Si demain on constate que la vidéo est utile dans les quatre points bien précis du règlement (but marqué, pénalty, identité du joueur sanctionné, exclusion directe), comment éviter que la vidéo ne soit, dans l’avenir, étendue à des actions telles qu’une touche, un coup-franc, un corner,...arguant qu’elles débouchent sur un but ou un autre fait de jeu important. Avec à la clé des interruptions de jeu trop fréquentes nuisant à la fluidité du jeu.

Je crois que pour éviter toute dérive future, il faut d’ores et déjà réfléchir à donner un "challenge" par mi-temps à chaque entraîneur ou capitaine, un peu à l’image du tennis ou du football américain, qui l’utilisera à sa convenance tout en se responsabilisant.

Le recours à la vidéo est à l’évidence incontournable de nos jours, c’est son utilisation systématique et abusive qui me fait peur. On peut le constater au rugby : prévue au départ pour la validation d’un essai, elle est maintenant utilisée lors de toutes les actions de jeu litigieuses, par des arbitres qui ne veulent ou ne peuvent plus prendre le moindre risque.

 

Lionel SCHNEIDER



29/06/2017
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