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Collina, taille patron

Il n'est plus en activité mais agite toujours encore la planète foot. Patron de l'arbitrage à l'UEFA depuis 2010, Pierluigi Collina reste une icône dans le Monde.

 

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Pierluigi Collina (source photo : richestcelebrities.org)

 

Des contrats publicitaires fructueux

 

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La fin de sa carrière en Italie s'était achevée de façon assez moyenne suite à la signature d'un contrat publicitaire avec la marque automobile Opel, partenaire à l'époque du Milan AC, qui promettait un contrat d'un million d'euros à celui qui fût conseiller bancaire par le passé. Mais Collina, véritable produit marketing en veut toujours plus. Avec Adidas, qui lui rapporte 100 000 € par an, le natif de Bologne, qui est titulaire d'un doctorat en économie prête également sa voix dans un dessin animé ou apparaît encore dans une publicité pour Mastercard et Mc Donald. Collina est omniprésent et reste à ce jour, le seul arbitre à être apparu sur la couverture d'un jeu vidéo. "Il a été le seul arbitre à pouvoir se le permettre. Un autre aurait été rétrogradé", explique le bisontin Michel Vautrot. Mais revenons à l'épisode de sa mise à l'écart en 2005. Après lui avoir obtenue une dérogation lui permettant d'arbitrer au-delà de la limite d'âge (45 ans à l'époque), la Fédération Italienne commence à s'impatienter et lui fait savoir qu'il devra choisir entre les contrats publicitaires et sa carrière d'arbitre. Le 29 août 2005, Collina annonce la fin de sa carrière. Mais un an plus tard, l'Association des arbitres italiens lui propose un rôle de consultant. Ce qu'il accepte. En 2006, la chaîne de télévision Sky s'attache ses services à l'occasion de la Coupe du Monde en Allemagne.

 

 

 

De Bologne à l'UEFA

 

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Collina aux côtés de Michel Platini

 

Le chemin parcouru par ce personnage fascine. Né à Bologne en 1960, Collina fait ses premiers pas sifflet à la main à l'âge de 17 ans. A 31 ans, la Série A lui ouvre ses portes. En 1995, il est promu arbitre FIFA. Collina rayonne sur les pelouses d'Europe et dans le Monde et les instances lui confient seulement quatre ans après ses débuts à l'international, la finale de la Ligue des Champions (Manchester United-Bayern Munich), avant de diriger trois ans plus tard la finale du Mondial 2002 entre l'Allemagne et le Brésil.

 

Lorsqu'il faut remplacer l'allemand Volker Roth en 2010 à la tête de l'arbitrage européen, Michel Platini, le Président de l'UEFA se tourne naturellement vers Pierluigi Collina. Dès sa prise de fonction à Nyon où se trouve le siège de l'instance européenne, Collina constitue sa garde rapprochée autour de l'écossais Hugh Dallas et du français Marc Batta qui seront ses adjoints. Michel Vautrot, ancien arbitre international, deux Coupes du Monde à son actif (1982 et 1990) et une finale de Championnat d'Europe (1988) connaît bien le maestro italien : "de par sa réputation de fer et son regard métallique, Pierlugi, grâce à son aura, a su imposer son style qui peut parfois surprendre. Rappelez-vous : un arbitre (Cakir), la saison passée en Ligue des Champions, a dirigé deux demi-finales consécutives ce qui n'était encore jamais arrivé ! Il est un véritable leader dans le domaine de l'arbitrage à l'UEFA. L'Euro 2012 s'était déjà bien déroulé sans réelle polémique. Collina est un personnage crédible." Quelques mois après son arrivée à l'UEFA, Collina reçoit une proposition émanant de la Fédération Ukrainienne de Football par la voix de son président d'alors, Hryhoriy Surkis, dont le frère, Ihor Surkis, actuel propriétaire du Dynamo Kiev et l'une des plus grandes fortunes d'Ukraine a été au cœur d'une affaire de corruption en 1995 lors du match de Ligue des Champions entre Kiev et le Panathinaïkos. Avant la rencontre, l'espagnol Antonio Lopez Nieto, arbitre de la rencontre fût approché par les dirigeants locaux qui lui proposaient deux manteaux de fourrure ainsi qu'une enveloppe de 30 000 dollars. Le Dynamo fût exclu dans la foulée de la compétition. Le patron des arbitres européens prend ses quartiers à Kiev en 2010. L'ancien arbitre italien Luciano Lucci l'accompagne dans cette aventure. Un salaire d'un million d'euros annuel est évoqué par les médias ukrainiens lors de la signature du contrat.

 

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Collina pose pour la marque Opel (source photo : sergemanoukian.net)

 

Une star convoitée

 

Il avait émis la possibilité d'aller arbitrer en Angleterre ou en Allemagne avant de rendre définitivement le sifflet. Ces deux fédérations le lui avaient proposé. Janvier 2003. Les arbitres français sont en stage à Biarritz. Michel Vautrot, patron des arbitres français à l'époque émet le souhait de faire venir un arbitre étranger pour diriger le choc de la 21ème journée de Ligue 1 entre Lyon (5ème) et Marseille, leader du championnat. "Les arbitres de Ligue 1 étaient rassemblés en stage. J'avais donc demandé à la Ligue de  faire appel à un arbitre étranger, ce qu'elle a refusé dans un premier temps. Je leur avais expliqué qu'aucun arbitre français ne serait disponible pour ce match", se souvient l'ancien arbitre tricolore. Pierluigi Collina, six mois après avoir arbitré la finale de la Coupe du Monde 2002 débarque à Gerland, dont les tribunes sont envahies par les journalistes venus en nombre pour la star du sifflet. "J'ai le souvenir d'un match entre Manchester United et le Real en 2003 où j'étais chargé de le contrôler. Lors de son arrivée au stade, il était plus sollicité que les joueurs ! Il était très disponible et accessible", se remémore Michel Vautrot, qui honorera sa dernière saison en tant qu'observateur de l'UEFA.

 

Courbis : "Intelligent dans son comportement et dans son relationnel"

 

Richard Delorme, l'un des deux assistants de Collina ce soir-là se souvient : "c'est un merveilleux souvenir. Collina nous a d'entrée permis d'être dans les meilleures conditions. Je garde le souvenir d'un homme doté d'un charisme hors-normes, d'une grande simplicité, très calme et d'une forte sympathie. Les joueurs avaient confiance en lui. Il a été un très bon manager dans les situations de jeu et je ne suis pas étonné que l'UEFA ait fait appel à lui. Sa venue en France en 2003 avait permis de parler d'arbitrage de manière positive". Véritable monument de l'arbitrage et du football, la popularité de Collina a très vite dépassé les frontières italiennes. En 1999, la Fédération Tunisienne avait fait appel à lui pour diriger la finale de la coupe nationale. Guy Roux, ancien entraîneur historique de l'AJ. Auxerre se rappelle de l'italien qui était venu arbitrer les bourguignons lors d'un 16ème de finale de Coupe de l'UEFA en 1995 face aux anglais de Nottingham Forest. Une rencontre perdue 1-0 face aux britanniques. "C'est un mauvais souvenir pour moi car nous avons été privés d'un but valable en première mi-temps suite à un ballon qui avait franchi la ligne de but. Au-delà de sa grande personnalité, Collina a été un excellent arbitre", raconte celui qui, actuellement est consultant pour Europe 1 et L'Equipe 21. Rolland Courbis, consultant pour RMC-BFM et ancien entraîneur de l'OM, Ajaccio, Montpellier ou Rennes plus récemment partage l'avis de Guy Roux concernant la personnalité de l'arbitre bolognais : "C'est quelqu'un d'intelligent dans son comportement, dans son relationnel avec les joueurs et pas seulement de par ses qualités intellectuelles, remarque le triple champion de France comme joueur et poursuit : "il faudra tout de même que l'on m'explique un jour comment sont réparties les tâches des arbitres lorsqu'ils sont cinq. Bientôt ils seront huit, dix...Je ne comprends pas non plus le positionnement de ces arbitres additionnels. Enfin, il y a une couleur de carton qui nous manque et j'aimerai savoir pourquoi l'exclusion temporaire n'a pas sa place dans le football alors qu'elle est utilisée dans d'autres sports collectifs (basket, handball, rugby)." Lors de son dernier congrès en mars, l'IFAB, l'organe qui régit les lois du jeu dans le Monde n'a pas retenu l'expérimentation de l'exclusion temporaire malgré l'avis favorable émis par Collina.

 

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Richard Delorme (sur la gauche) avait assisté Collina à Gerland

 

Personnage controversé, Collina l'est également. C'est dans ce même Stade de Gerland lors de Lyon-PSV Eindhoven que Collina, en 2005 échangea son maillot avec celui du hollandais Van Bommel qui aurait dû être expulsé au cours de ce match de Ligue des Champions. En décembre 2007, à l'époque où il désigne encore les arbitres de Série A, il reçoit des menaces anonymes en forme de balles de pistolet et est placé sous protection policière. Collina ou l'histoire d'un personnage déroutant. Capable de reprendre la partie d'un match décisif pour le titre de champion d'Italie entre Pérouse et la Juventus en 2000 sur une pelouse détrempée. La Lazio, juste derrière à deux points de la Juve doit l'emporter face à l'AS. Rome et espérer un faux pas des Bianconeri. A Pérouse, la mi-temps est sifflée sur un score de parité mais impossible de débuter la seconde période : la pelouse du Stade Renato Curi est une vraie piscine...L'idée d'arrêter définitivement le match paraît impensable pour Collina, sachant que la Lazio dispute également son ultime match de la saison pour le titre. La deuxième mi-temps sera disputée en intégralité et Pérouse...parviendra à l'emporter (1-0), privant la Juventus du titre de champion puisque la Lazio sort vainqueur de son match face à la Roma. 16 ans après, le club de la Vieille Dame n'a pas oublié.

 

 

Collina, au moment d'inspecter le terrain de Pérouse (source photo : www.sofoot.com)

 

Résumé de Pérouse-Juventus - 14/05/2000

 

 

 

Meeting of minds: Collina spoke about the game with Sportsmail's Jamie Carragher and Graeme Souness

 

Collina sur le plateau de la Sky Sport (source photo : www.dailymail.co.uk)

 

Collina lors du Mondial 2002 au Japon et en Corée du Sud

 

 

Lionel SCHNEIDER



23/06/2016
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