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Khaled Al Sharif (crédit photo : Khaled Al Sharif)

 

Il y a treize ans, Khaled Al Sharif était contraint de quitter la Syrie avec l'ensemble de sa famille. "Les conditions économiques ne nous permettaient plus de rester", explique le natif de Damas, capitale d'un pays ravagé par la guerre depuis 2011. Jusqu'à cette époque, Khaled revenait régulièrement sur ses terres. "Depuis, je n'y arrive plus, ayant des positions anti-régime. Dans le cadre de mon projet de fin d'études, j'ai réalisé un film qui a connu un grand succès ainsi qu'une chanson via les réseaux sociaux avec un groupe d'amis au Qatar", commente Khaled pour qui il est "devenu impossible de revenir en Syrie. J'ai vécu une longue période d'instabilité, de peur et d'attente tout au long des six années qui se sont écoulées."

 

 

Khaled Al Sharif a d'abord été footballeur au Qatar, pays dans lequel il a vécu durant douze ans. En 2008, il suit les cours dans le but de se lancer au sifflet. Il est reçu sans difficulté. Menant en parallèle une carrière de joueur, Khaled se voit même proposé un contrat professionnel par un club de deuxième division qatari en 2009. Mais une blessure viendra interrompre définitivement sa carrière. Il décide alors de se consacrer totalement à l'arbitrage. Avec succès puisque l'intéressé fait ses débuts en Qatar Stars League (Première Division Qatari) en 2011 en tant qu'arbitre additionnel. "J'arbitrais régulièrement en deuxième et troisième division au Qatar. J'ai pu prendre part à de nombreuses compétitions nationales comme la finale de la coupe du Qatar en 2015 en qualité d'arbitre additionnel ou encore la 1/2 finale Real Madrid/Salzbourg lors de l'Al Kass International Cup en 2016." Une expérience qatari riche en souvenirs et en rencontres pour Khaled Al Sharif : "j'ai acquis beaucoup d'expérience au Qatar grâce notamment au travail effectué par Neiji Jouini, ancien arbitre international tunisien et patron de l'arbitrage au Qatar. La stratégie de la commission d'arbitrage qatari est basée sur la promotion des jeunes arbitres qui sont appelés à diriger les rencontres les plus difficiles de la Qatar Stars League."

 

 

Neiji Jouini, chef du département arbitrage au Qatar (source photo : www.ta7keem.com)

 

Arrivé en France en juin 2016, quelques jours après le début de l'Euro, Khaled a intégré la Ligue d'Aquitaine (devenue Nouvelle-Aquitaine en janvier dernier). Bruno Faye, ancien arbitre assistant international et membre de l'ancienne commission régionale d'arbitrage en Aquitaine se rappelle avoir "côtoyer quelqu'un de très intelligent et de sociable. J'avais l'impression qu'il était là depuis des années." Titulaire d'un diplôme d'études universitaires de journalisme, télé, radio et affaires internationales à l'Université du Qatar, Khaled a obtenu de l'Etat français un statut de réfugié syrien. "Je souhaite poursuivre mes études mais je dois pour l'instant perfectionner mon français. J'aimerai continuer avec un master dans le domaine du cinéma, sachant que j'ai déjà acquis de l'expérience dans la réalisation de documentaires notamment grâce à celui conçu lors de ma dernière année d'étude qui avait d'ailleurs rencontré un certain succès. J'ai beaucoup apprécié cet univers et je souhaite produire de nouveaux films dans le futur."

 

 

 

Son premier match sur le territoire aquitain a eu lieu le 16 octobre 2016 lors d'une rencontre de Promotion d'Honneur entre Saint Médard d'Eyrans et Saint Pierre du Mont. Jean-Marie Lartigot, ancien arbitre international et observateur au sein de l'ancienne CRA en Aquitaine a découvert Khaled Al Sharif lors d'un match de Division d'Honneur entre Mérignac et Estuaire Haute Gironde en décembre dernier et a été comblé. "C'est un garçon pétri de qualités avec une culture différente du football francophone. Il met beaucoup l'accent sur le respect mutuel avec les joueurs. Doté d'une excellente condition physique, il doit désormais s'adapter à la culture du football en France. Il a réalisé d'énormes progrès dans la maitrise de la langue française. Il m'a laissé une énorme impression. C'est quelqu'un qui respire la bonne humeur et il a apporte une certaine fraicheur. C'est très important qu'un arbitre se sente bien sur un terrain.

 

Son adaptation a été rapide et Khaled note quelques différences avec le football qatari : "le jeu va beaucoup plus vite et la mentalité des joueurs est différente. Je suis un adepte du beau jeu et je suis servi en France. La météo ici n'est pas la même qu'au Qatar (rires). Je n'oublie pas le bon accueil qui m'a été fait par mes collègues arbitres et les membres de la commission régionale d'arbitrage. J'en profite d'ailleurs pour remercier Madame Renon qui m'a beaucoup apporté depuis mon arrivée en France."

 

 

 

Jamal Al Sharif intervient régulièrement sur Bein Sports Qatar

 

Al Sharif. Ce nom est familier dans l'histoire du football syrien. Jamal Al Sharif est le père de Khaled. En 1986 au Mexique, il est devenu le deuxième arbitre, après Farouk Bouzo en 1978, à participer à une Coupe du Monde. Suivront celles en Italie en 1990 et aux Etats-Unis en 1994. Avec un total de six rencontres en phase finale de Coupe du Monde dont deux 1/8ème de finale (Angleterre/Paraguay en 1986 et Mexique/Bulgarie en 1994). S'y ajoutent une finale de Coupe d'Asie en 1992 entre le Japon et l'Arabie Saoudite, une 1/2 finale aux Jeux Olympiques en 1988 entre l'Italie et l'URSS. Il participa également à la première édition de la Coupe des Confédérations en 1992 en Arabie Saoudite. A son palmarès figurent aussi deux participations à la Coupe d'Afrique des Nations en 1990 et 1994 avec un 1/4 de finale dirigé en 1994 entre la Zambie et le Sénégal. Retiré des terrains depuis près de vingt ans, Jamal Al Sharif s'est depuis reconverti dans les médias. D'abord sur Al Jazeera Sports et désormais sur Bein Sports Qatar où il met son expertise au service des téléspectateurs lors des grands matchs (Coupe du Monde, Ligue des Champions et championnats européens).