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Interview de Sébastien Delferière, arbitre international belge

Seul représentant de l'arbitrage belge dans le groupe 1 de l'UEFA, Sébastien Delferière a accordé une interview à Arbitrage 57 où il revient sur ses débuts au sifflet et son ascension au plus haut niveau notamment.

 

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Sébastien Delferière (source photo : www.walfoot.be)

 

-Arbitrage 57 : Comment êtes-vous venu à l'arbitrage ?

 

-Sébastien DELFERIERE : "J’ai débuté à l’âge de seize ans. Mon père organise depuis 33 ans maintenant, le stage DM. C’est un stage de foot organisé pendant les grandes vacances, réservé aux enfants de 9 à 15 ans. Lorsque j’ai eu 16 ans, j’étais vraiment très déçu de ne plus pouvoir y participer et mon père a alors décidé d’ouvrir le stage aux enfants de 16 ans si ceux-ci suivaient les cours d’arbitrage. Mon père, ancien arbitre de D2 et assistant en D1, a alors mis en place une collaboration avec la Commission Provinciale du Hainaut et les cours ont donc pu être organisés durant ce stage. Je me suis alors dit : "si c’est le prix à payer pour faire le stage encore une fois…". Une fois le stage terminé et le "permis théorique" en poche, j’ai été contacté par Bruno BOEL, actuel Président des arbitres du Hainaut. Il m’a proposé de tenter l’expérience et j’ai accepté. A l’époque, nous étions "rémunérés" 600 francs belges (soit 100 francs français…15 euros) et cela me faisait de l’argent de poche. J’ai donc décidé de continuer et je me suis vite pris au jeu. Toujours en vouloir plus, aller dans la catégorie au-dessus".
 
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David Delferière, père de Sébastien et vice-président de l'Union Belge de Football (source photo : www.lanouvellegazette.be)
 
-Quel a été votre parcours jusqu'en Jupiler League ?
 
"J’ai débuté en septembre 1997 en minimes  alors que je jouais encore personnellement en scolaire au Stade Brainois (U17). Mes prestations sur le terrain en tant qu’arbitre étant appréciées par la commission des arbitres, il m’a été proposé de monter dans les séries provinciales (football des adultes) mais pour ce faire, je devais faire un choix. J’ai donc arrêté de jouer à l’âge de 19 ans afin de tenter l’expérience de l’arbitrage avec succès (septembre 2000). Dans les séries provinciales, il m'a fallu une saison pour monter de chaque catégorie, et je me suis donc retrouvé en 1ère provinciale (élite de la province) à l’âge de 22 ans (2003). A 23 ans, en juillet 2004, je suis monté en Promotion (division 4 de l’ancien système avant la séparation entre le football francophone et flamand) et il m’a fallu un an et demi dans chaque catégorie pour accéder à l’échelon supérieur. En janvier 2006, je dirigeais mon premier match en Divison 3 à Walhain et en septembre 2007, mon premier match en D2 avait lieu à Waasland. En janvier 2009, j’ai effectué mes débuts en Jupiler League lors de Lokeren/Zulte Waregem et en janvier 2010, j’ai été nommé arbitre FIFA. Non pas parce que j’étais le meilleur, mais tout simplement parce qu’une politique avait été mise en place par le Président du Hainaut, Bruno BOEL, et cette même politique de jeunes a été poursuivie par Robert JEURISSEN, ancien président des arbitres belges. Cette politique a été mise en place pour nous permettre, arbitres belges, d’arriver au groupe 1 (voir plus) à l’UEFA car nous commençons dans le groupe 3 contrairement aux arbitres issus des plus grandes compétitions qui ont beaucoup plus d’expérience. Il nous faut donc plus de temps pour y parvenir et si nous devions débuter à 35 ans comme arbitre international, nous aurions très peu de chance d’arriver dans les groupes nous permettant d’être actif en Europa League ou en Ligue des Champions".
 
-Comment organisez-vous votre semaine ?
 
"Cela fait maintenant trois ans que j’ai décidé de travailler à temps partiel pour consacrer plus de temps à l’arbitrage. Plus de temps pour la récupération, et plus de temps pour la préparation des matches. L’arbitrage belge a évolué ces dernières années, mais pas autant que le football. Il est donc important de mettre un maximum d’atouts de son côté et c’est pour cela que je consacre une journée complète à l’analyse des équipes pour laisser le moins de choses au hasard. Anticiper les problèmes, c’est déjà commencer à les résoudre…
 
Ma semaine est donc articulée comme suit :
  • lundi: kiné à 9h - entraînement (musculation) à 10h30 - travail l’après-midi
  • Mardi: Travail toute la journée avec entraînement (haute intensité) sur le temps de midi
  • Mercredi: Travail le matin - analyse des équipes après-midi (découpage des images que je vais montrer aux assistants pour les instructions d’avant match)
  • Jeudi: Travail toute la journée (entraînement de vitesse d’endurance sur le temps de midi)
  • Vendredi: Préparation des instructions - entraînement de vitesse.

Je travaille donc trois jours par semaine pour consacrer deux jours par semaine de plus à l’arbitrage.

 
"Le plan de professionnalisation est en cours de finalisation"
 
-L'arbitrage belge envisage t-il une phase de professionnalisation à moyen terme ?
 
"Malheureusement, c’est encore un peu trop tôt. Le plan arbitrage est en phase de finalisation et sera présenté dans le courant du mois de mars. Ce que l’on sait, c’est que les clubs ont décidé d’investir dans l’arbitrage afin que nous soyons mieux préparés pour nos rencontres.
A l’heure actuelle, certains arbitres et assistants travaillent encore toute la journée alors qu’ils doivent officier le soir, ce qui est incompréhensible. Lorsque nous devons prendre des décisions si importantes, pouvant coûter de l’argent aux dirigeants, joueurs et entraîneurs, il est normal que nous soyons concentrés sur notre rencontre et sur rien d’autre. La Fédération va donc travailler à un statut qui va nous permettre de dégager plus de temps pour l’arbitrage, tout en veillant à augmenter la qualité de l’encadrement des arbitres."
 
-L'arbitrage vidéo fera son apparition la saison prochaine sur les terrains belges. Etes-vous un partisan de la vidéo ?
 
"Oui, tout à fait. En 2017 et avec les avancés technologiques, ce serait dommage de ne pas utiliser les moyens mis à notre disposition. Maintenant, le protocole mis en place est clair et seules certaines phases seront analysées. Ce n’est pas le but de remettre toutes les décisions de l’arbitre en cause, mais de l’aider sur les décisions importantes pouvant avoir une influence très importante sur le déroulement de la rencontre (ballon qui a franchi la ligne ou non pour un but, faute d’un joueur méritant l’exclusion, l’identification d’un joueur si l’arbitre n’a pas vu le joueur qui méritait le carton et sur les penalties)."
 
-La Belgique ne compte aucun représentant au sein du groupe élite à l'UEFA. Avec le retour de Frank De Bleeckere à la Fédération belge, êtes-vous confiant pour l'avenir ?
 
"Nous ne devons pas nous fier à une personne, mais plutôt de savoir comment cette personne va être utilisée. Nous ne devons pas être content d’avoir Frank De Bleeckere à notre disposition, mais nous devons être super contents d’avoir son expérience à notre disposition. Nous verrons donc dans quelle mesure Frank interviendra dans le nouvel organigramme et dans la professionnalisation de l’arbitrage mais cela peut être certainement bénéfique. Maintenant, Frank va certainement nous apporter de précieux conseils, mais c’est principalement aux arbitres à travailler et à s’investir dans leur carrière si ils veulent progresser."
 
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Sébastien Delferière en pleine discussion avec Adil Rami (source photo : www.gettyimages.com)
 
-Quel est à ce jour votre plus grand souvenir ?
 
"Pas spécialement facile à répondre…J’ai beaucoup de bons souvenirs pour le moment. J’ai eu la chance d’être international au moment où l’UEFA a lancé le système à six arbitres et comme Frank De Bleeckere était encore actif, j’ai eu la chance de l’accompagner comme arbitre additionnel dans des matches de Ligue des Champions comme Chelsea/Marseille ou Arsenal/Dortmund. Mais être l'arbitre principal d’une rencontre laisse encore de plus beaux souvenirs et ces deux ou trois dernières années ont été très riches en expérience avec des matches à Dortmund (Europa League) ou en Espagne (qualification pour le dernier Championnat d’Europe). Sans oublier bien entendu les rencontres de préparation lors desquelles j’ai eu également l’occasion d’arbitrer l’équipe de France."
 
-Vous avez arbitré à deux reprises l'équipe de France. Que retenez-vous de ces deux rencontres ?
 
"Une expérience fantastique ! La première rencontre date de 2012 à Valenciennes. Je n’avais pas encore énormément d’expérience au plus haut niveau donc le plus important, dans cette rencontre, était de ne pas être impressionné et simplement de  faire son match. La deuxième rencontre a opposé la France à l’Ecosse, dernière rencontre de préparation des Bleus juste avant l'Euro. Une équipe très motivée et des supporters qui étaient également dans leur dernière ligne droite de préparation…tout simplement inoubliable. Mais le mieux, c’était l’accueil réservé au "petit voisin belge". Un accueil chaleureux, tout mis à notre disposition et un grand respect des dirigeants, entraîneurs et joueurs. Nous avons eu l’occasion d’échanger quelques mots avec le sélectionneur Didier DESCHAMPS le jour de la rencontre contre l’Ecosse et, malgré l’enjeu des semaines qui allaient suivre, il s’est vraiment montré disponible et agréable, un véritable gentleman."
 
-Qu'est-ce qu'un bon arbitre pour vous ?
 
"Je dirais tout simplement, un arbitre qu’on ne voit pas pendant la rencontre ! Celui qui arrive, dans (presque) toutes ses rencontres, à ne pas influencer le match négativement est vraiment un bon arbitre. Si en plus, il a l’occasion d’influencer le match positivement, c’est la cerise sur le gâteau ! Le football a énormément évolué ces dernières années et la condition physique occupe une place de plus en plus importante. Mais à mes yeux, la connaissance du football reste toujours le point le plus important pour un arbitre. Une bonne préparation, une bonne analyse des équipes et un bon feeling de la rencontre sont encore plus importants."
 
Pour en savoir plus :
 
Sébastien DELFERIERE
Né le 2 juillet 1981
143 matchs en Jupiler League depuis 2009
International depuis janvier 2010
47 matchs au niveau international
 
Lionel SCHNEIDER


20/02/2017
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