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Bastien, le Poulidor de l'arbitrage ?

La Coupe du Monde au Qatar verra la participation de deux arbitres français avec la sélection de Clément Turpin et de Stéphanie Frappart. Si la présence de l'arbitre bourguignon est complètement justifiée, celle de l'arbitre parisienne interroge particulièrement. Benoit Bastien lui, reste une nouvelle fois à quai.

 

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Benoit Bastien (crédit photo : www.leparisien.fr) 

 

Benoit Bastien marche-t-il sur les traces d'Alain Sars ? Toujours bien placé mais jamais vainqueur. L'histoire semble se répéter pour l'arbitre vosgien, un des plus performants directeurs de jeu en Ligue 1. Comme l'ancien arbitre international originaire de Dombasle/Meurthe, celui qui fût conseiller technique régional en arbitrage de la Ligue Grand-Est n'entre plus (ou pas) dans les plans de la Direction technique de l'arbitrage qui lui préfère Clément Turpin, Stéphanie Frappart ou encore François Letexier. Comme Alain Sars, Benoit Bastien ne connaîtra probablement jamais l'ivresse d'une Coupe du Monde ou d'un Championnat d'Europe. A bientôt 40 ans, soit un an de moins que Clément Turpin, l'arbitre lorrain ne se fait plus guère d'illusion, l'arbitre numéro 1 français selon la DTA pouvant encore prétendre à l'Euro 2024 et au Mondial 2026. Le 19 mai dernier, il a dû s'étouffer en découvrant la liste des arbitres retenus pour le Mondial Qatari, et dans laquelle il ne figurait pas. Promu en catégorie élite de l'UEFA qui réunit les meilleurs sifflets européens en 2018, Benoit Bastien n'a dirigé que deux matches en Ligue des Champions cette saison. Tout d'abord lors du match entre le Dinamo Zagreb et Ludogorets comptant pour le troisième tour préliminaire. Ce jour-là, les bulgares de Ludogorets avaient terminé le match à 8, trois de leurs joueurs étant expulsés. Cette rencontre a probablement coûté cher à Bastien qui depuis, ne s'est vu confier qu'un seul match en phase de groupe lors de Séville-Copenhague. Benoit Bastien n'a dirigé également qu'un seul match d'Europa League entre le Sturm Graz et la Lazio Rome le 6 octobre dernier. Mais avec plus de 200 matches en Ligue 1 et près de 80 rencontres internationales au compteur, Bastien dispose d'une expérience que Frappart n'a pas. 

 

Frappart surcôtée ?

 

Si certaines de ses prestations n'ont pas été jugées satisfaisantes par la commission d'arbitrage de l'UEFA, Benoit Bastien reste néanmoins un des meilleurs arbitres sur les pelouses de Ligue 1, où la Direction technique de l'arbitrage n'hésite pas à le désigner sur les sommets de l'Hexagone. Cette saison, Bastien n'arbitre que les équipes du top 5 comme en témoigne ses désignations : Monaco-Marseille, Monaco-Rennes, PSG-Monaco, Lens-Lorient, Marseille-Rennes mais aussi Nantes-Clermont, une rencontre qui faisait suite aux polémiques concernant les décisions arbitrales de François Letexier lors de Nice-Nantes le week-end précédant. En intégrant le groupe élite de l'UEFA il y a quatre ans, Bastien pensait bien s'inscrire comme le principal concurrent de Clément Turpin. Mais une invitée de dernière minute est venue semer la zizanie. Il s'agit de Stéphanie Frappart. En Ligue 1 depuis trois ans, la première femme à avoir arbitré un match de Ligue 1 (Amiens-Strasbourg en 2018), est loin de faire l'unanimité sur les terrains. Précurseure, elle l'a été également en se voyant confier la finale de la Coupe de France entre Nantes et Nice en mai dernier, où le pénalty qu'elle accorda aux Canaris ne sera probablement pas oublié avant longtemps sur la Côte d'Azur. "J'ai la confiance de la Fédération, de l'UEFA et de la FIFA", déclarait-elle en amont de la finale pour faire taire les critiques. C'est justement dans ce domaine que Frappart dispose de beaucoup d'avance sur son concurrent Bastien. Elle peut compter sur le soutien de Pascal Garibian et de Patrick Lhermite, respectivement futur ex-Directeur technique de l'arbitrage et vice-président de la commission fédérale d'arbitrage de la FFF. Soit deux responsables influents de l'arbitrage français et tous deux parisiens comme Stéphanie Frappart. Comment peuvent-ils aujourd'hui justifier la sélection de Stéphanie Frappart à la Coupe du Monde alors qu'elle est classée troisième derrière Clément Turpin (1er) et Benoit Bastien (2ème) lors du classement des arbitres de Ligue 1 la saison dernière ? Bastien a également reccueilli le plus de suffrages lors du vote organisé par le Syndicat des arbitres de football d'élite (SAFE) pour élire le meilleur arbitre de Ligue 1 la saison passée. Le départ de Pascal Garibian acté par Noël Le Graët pourrait-il voir le statut de Stéphanie Frappart évoluer ? Rien n'est moins sûr car l'arbitre francilienne bénéficie d'une côte très élevée auprès de la Direction technique de l'arbitrage qui la présente comme une vraie locomotive et vitrine, notamment pour promouvoir l'arbitrage féminin. Cité comme possible successeur de Pascal Garibian, la nomination d'Alain Sars pourrait en revanche être une très bonne nouvelle pour Benoit Bastien qui lui avait succédé au poste de conseiller technique régional en arbitrage dans l'ancienne Ligue de Lorraine en février 2014.

 

Des désignations qui interrogent

 

Celle qui a dirigé la finale de la Coupe du Monde féminine en 2019 ou encore la Supercoupe de l'UEFA la même année, est-elle traitée différemment que ses homologues masculins ? Certains éléments peuvent laisser le penser. Tout d'abord sa faible expérience internationale dans les compétitions masculines. Avec seulement un match en phase de groupe de Ligue des Champions (Juventus-Dynamo Kiev en décembre 2020), Stéphanie Frappart vient de connaître sa deuxième désignation sur la plus prestigieuse des compétitions européennes lors du match entre le Real Madrid et le Celtic Glasgow le 2 novembre dernier. Comme par magie, à moins de trois semaines du début de la Coupe du Monde. Autre élément troublant, l'arbitre internationale tricolore n'a pas tenu le sifflet sur le moindre match comptant pour un tour préliminaire de Ligue des Champions, passage normalement obligé pour ensuite accéder aux matches de phase de groupe. En Europa League, Frappart n'a été sollicitée que sur des matches de phase de groupe cette saison. Au contraire de Benoit Bastien qui peut se prévaloir d'avoir été l'arbitre de la 1/2 finale d'Europa League entre Leipzig et les Glasgow Rangers la saison dernière. Plus étonnant encore, en Ligue des Nations, la puissante commission d'arbitrage de l'UEFA relègue Frappart en deuxième, voire troisième division de l'arbitrage européen en la nommant sur des matches inintéressants et sans véritable enjeu : Biélorussie-Slovaquie, Turquie-Lituanie en juin dernier, et Moldavie-Liechtenstein en septembre. Quand dans le même temps, Bastien se voit confier le choc pour la première place entre la Hongrie et l'Italie. Enfin, Stéphanie Frappart n'appartient pas au groupe élite de l'UEFA, celui qui permet d'obtenir les plus grands matches de Ligue des Champions, et de pouvoir prétendre à une Coupe du Monde ou à un Championnat d'Europe. Plus belle la vie.

 

Lionel Schneider



17/11/2022
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