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Que deviennent-ils ? Portrait de Serge LEON, ancien arbitre Fédéral 1 (1992/1999)

Personnage discret sur les terrains, Serge Léon l'est resté une fois sa carrière achevée en mai 1999. L'arbitre haut-rhinois revient sur les moments forts de son parcours.

 

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L'histoire entre Serge Léon et le football a débuté à Sausheim, petite ville de plus de 5000 habitants située en périphérie de Mulhouse. C'est ici qu'il découvre le ballon rond au sein du club local. Lors d'une rencontre de l'équipe réserve, il se permet d'émettre des critiques à l'égard de son oncle qui tenait le sifflet alors. Ce dernier lui proposa alors de se lancer. Serge Léon troque sa tenue de footballeur pour celle d'arbitre. Il le restera vingt-sept ans. Ce maillot du FC. Sausheim qui lui est si cher, il le revêtira quelques années plus tard. En septembre 1973, il est nommé arbitre de District après avoir réussi l'examen d'entrée six mois auparavant. Le début d'une belle aventure qui conduira ce chef d'entreprise, frère de Marc Léon, agent de joueurs par le passé et président du FC. Mulhouse (1997/1999) jusqu'en Première Division.

 

 

Guidé par Georges Konrath, qu'il considère comme son mentor - "ma référence" - il gravit une à une les marches de la pyramide arbitrale. Promu au niveau régional en 1977, ce passionné du milieu viticole est nommé interrégional en 1980. Cinq ans plus tard, le voilà arbitre Fédéral 2 puis pré-Fédéral 1 en 1990. Deux matchs décisifs à St-Etienne et Valenciennes lui ouvriront officiellement les portes de l'élite pour la saison 1992/1993. Il est alors le seul représentant alsacien en D1. Le colmarien Philippe Kalt arrivera deux ans plus tard. Le 22 août 1992, Serge Léon fait ses débuts au plus haut niveau lors de Caen/Valenciennes, dans l'ancien stade de Venoix. "J'ai particulièrement savouré ce moment. Cette nomination était une belle réponse à mes détracteurs". Car Serge Léon est également un défenseur ardent de la fonction arbitrale, en témoigne sa présence durant de longues années à l'UNAF (Union Nationale des arbitres de football) du Haut-Rhin dont il devient adhérent en 1973. Mais cet homme qui se définit plutôt comme quelqu'un de "généreux, pressé et hyperactif" se passionne aussi pour le métier d'entraîneur. Ainsi, en 1978 sous la direction du regretté Paul Frantz, il a le privilège de passer son diplôme d'entraîneur de second degré aux côtés d'illustres figures du football hexagonal comme Robert Pintenat, Arsène Wenger, Rolland Courbis, Albert Gemmrich pour ne citer qu'eux. Il obtiendra la note de 14,5 et le précieux sésame en poche. "De quoi susciter la jalousie auprès des joueurs mais ma carrière d'arbitre ne m'a pas laissé le temps de m'éclater comme entraîneur", regrette presque l'intéressé.

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Le stade Louis II fête ses champions. Serge Léon entouré des deux capitaines, le nantais Japhet N'Doram et le monégasque Christophe Pignol ainsi que de ses deux assistants, Bernard Tournegros (à gauche) et Jean-Michel Charton (à droite) - Crédit photo : Serge Léon

 

Durant sept années, Serge Léon va vivre de grands moments. Comme ce Monaco/Nantes du 24 mai 1997. Le club du Rocher compte douze points d'avance sur son dauphin nantais. Les Canaris occupent la seconde place au classement avec 64 points tout comme le PSG, troisième. Le suspense est à sa comble. Les stars de l'ASM sont toutes présentes : Fabien Barthez, Emmanuel Petit, Thierry Henry, Ali Benarbia, Sonny Anderson pour ne citer qu'eux. Le pied. Les joueurs de Coco Suaudeau sont battus (2-1) alors que le PSG s'impose dans le même temps face à Strasbourg (2-1).  "Cette expérience m'a permis de rencontrer des personnes exceptionnelles avec des moments inoubliables", note Serge qui sera l'arbitre du sacre du FC. Nantes en 1995 à Furiani. Ce vendredi 19 mai, c'est un match sous haute tension qui se profile sur l'Ile de Beauté, une région à laquelle Serge Léon est resté très attaché. Jo Bonavita, légende vivante du Sporting Club de Bastia évoque "des relations amicales avec Serge Léon. C'était une autre époque où le dialogue avec les arbitres était possible." Le club insulaire ne compte que quatre longueurs d'avance sur le premier relégable. Trois ans après le drame de Furiani qui avait coûté la vie à dix-sept personnes affiche complet. Thierry Gilardi et Charles Biétry commentent ce match qui va officialiser le titre des champion des nantais après un match nul (2-2).

 

 MONACO/NANTES - Championnat de France de D1 - 38ème journée

 

 

Premier arbitre international futsal

 

Il fût également l'une des chevilles ouvrières de l'ancienne Direction Nationale de l'arbitrage (DNA) en compagnie de Jacky Legrain lors du lancement de cette discipline alors méconnue en France. "Mais faute de moyens et d'ambition de la FFF, j'avais l'impression de faire un pas en avant, deux pas en arrière", explique Serge Léon, observateur durant plus d'une décennie. Premier arbitre international dans cette discipline (1996), Serge sera sollicité à de nombreuses reprises sur des tournois outre-Rhin et des compétitions organisées par des journalistes au Palais des Sports de Mulhouse.  "L'alsace a été précurseur dans la pratique du futsal, étant proche des frontières allemandes, suisses et belges".

 

Serge Léon n'a pas été international, arrivant en D1 à l'âge de 37 ans. Mais il fût le quatrième arbitre de Michel Vautrot - "le TGV, Tout grand Vautrot". Il l'accompagnera notamment à Florence et Tirana. Il découvrira également le Nou Camp avec Rémi Harrel, les chaudes ambiances turques avec Marc Batta et Gilles Veissière ou encore une sortie à Tel-Aviv avec Bernard Saules. "Des moments riches en émotion".

 

La der à St-Symphorien

 

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 Metz/Le Havre, samedi 29 mai 1999. Serge Léon entouré de ses garçons, de Sylvain Kastendeuch et Cyrille Pouget, les deux capitaines ainsi que ses deux assistants, Alain Gourdet et Alain Augu (crédit photo : Serge Léon)

 

 

 

Une fin de carrière est toujours un moment particulier. Le samedi 29 mai 1999, St-Symphorien est quasiment plein pour le dernier match en D1 de Serge Léon. Sa famille, ses amis sont là. "Grand moment d'émotion", se souvient l'homme en noir qui enfilera pour l'occasion un maillot du FC. Sausheim, son club de toujours remis par ses trois garçons sur la pelouse (il aura quatre fils). "Je souhaitais rendre hommage à mon père qui y œuvra durant 40 ans. Ce geste fût apprécié par ceux qui savaient que j'avais voulu honorer mon club. Moins par ceux qui pensaient que je faisais de la pub pour la Juventus de Turin où évoluent alors Zinédine Zidane et Didier Deschamps". Le FC. Metz l'emporte (1-0) grâce à un but de Franck Rizzetto. De cette soirée, Serge Léon évoque Carlo Molinari, l'emblématique Président du club à la Croix de Lorraine : "J'avais demandé à terminer à Metz et Carlo Molinari, un grand président avait tout mis en œuvre pour que nous puissions nous retrouver après le match", se rappelle celui qui voyage dans le Monde, se consacre à la pêche, à la chasse, ses grandes passions entouré de sa famille et ses amis. "Je n'ai pas vu passer ces huit années. Que de moments inoubliables !".

 

Qui êtes-vous Serge LEON ?

 

Nom : LEON

Prénom : Serge Olivier

Date et lieu de naissance : le 3 juin 1954 à Mulhouse

Profession : Thermicien puis chef d'entreprise

Club : FC. Sausheim

Débuts dans l'arbitrage en 1973

Parcours FFF : arbitre de Ligue (1977-1980) - Interrégional (1980-1985) - Fédéral 2 (1985-1991) - Fédéral 1 (1991-1999)

Arbitres assistants attitrés : Bernard TOURNEGROS et René SCHNEIDER

Nombre de matchs en D1 : 107

Palmarès : France/Tchécoslovaquie juniors en 1991, finale de la coupe de la Ligue en 1996 et de la coupe de France en 1998 (4ème arbitre), 107 matchs en D1, 214 en D2 soit un total de plus de 300 matchs au niveau national

Références en matière d'arbitrage : Michel Vautrot, Georges Konrath et Robert Wurtz. Ils ont marqué plusieurs générations.

Le ou les plus grands joueurs que vous avez rencontrés : j'appréciais les Bossis, Battiston. Les "Verts" des années 80 que j'ai eu l'occasion de côtoyer en étant l'assistant de Robert Wurtz, Georges Konrath et Alain Delmer. Et puis la génération des années 90. Quelques joueurs m'ont marqué par leur personnalité et leur classe : Ricardo, Marco Simone, Pedro Miguel Pauleta, Florian Maurice, Sylvain Kastendeuch ou encore Franck Sauzée.

Le plus râleur des joueurs : la palme revient incontestablement à Cyril Rool que j'ai expulsé à trois reprises. Mais un garçon adorable en dehors des terrains.

L'entraîneur le plus "casse-pied" ? La palme au sorcier de l'AJ. Auxerre. Nous étions deux fortes têtes !

Le joueur et l'entraîneur que vous aimeriez revoir ? Cyril Rool (rires) et Daniel Bravo qui s'était fait expulser lors de Bastia/Lyon en décembre 1997 pour passer les vacances de Noël en famille chez lui à Toulouse.

Un stade : le stade Félix-Bollaert, le Parc des Princes et le stade Vélodrome pour leur résonnance.

Une anecdote : Lors de Montpellier/Martigues (saison 1995/1996), je fais reprendre la deuxième période sans Eric Durand, le gardien de Martigues qui avait déjoué notre attention en quittant la pelouse pour aller au vestiaire.

Vos pires souvenirs : Un Gazélec Ajaccio/Raon l'Etape en 1999 avec un festival corse et un Talange/Nancy (saison 1992/1993) où j'ai failli tout arrêter...

 

Lionel SCHNEIDER



03/02/2017
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