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Jacques Clavet est retiré des terrains de L1 et L2 depuis huit ans maintenant. Passionné de football et d'arbitrage, il a décidé de continuer à utiliser son drapeau sur les terrains départementaux de la Méditerranée. Pour le plaisir.

Bon footballeur et suivi par le PSG

Il rêvait de devenir footballeur professionnel. Le marseillais Jacques Clavet  débute le football à l'âge de 8 ans et évolue au plus haut niveau régional. Jusqu'à attirer la curiosité du PSG qui lui propose d'intégrer son centre de formation. "Les contacts n'ayant pas été suivis d'effets, j'ai continué à jouer au niveau régional" explique celui qui est fonctionnaire de police dans le civil. C'est alors que lui vient l'intérêt d'entraîner. "J'ai passé mes premiers diplômes car j'avais envie de diversifier mes activités au sein de cette discipline et de m'impliquer dans un domaine où j'allais découvrir les notions de responsabilité, d'investissement, d'engagement inhérentes à cette activité. 

Titulaire du BE1

Jacques Clavet présente une particularité peu courante chez les arbitres : il est titulaire du BEF (Brevet de Moniteur de Football), appelé BE1 par le passé et qui permet d'entraîner une équipe jusqu'au septième échelon national (DHR). En parallèle à son fonction d'arbitre fédéral, le club de Cassis-Carnoux s'attache ses services en qualité de directeur sportif. "J'apportais ma contribution en tant qu'éducateur et formateur d'arbitres" se souvient Jacques Clavet. Et depuis ? "Je préfère désormais me consacrer à mes activités d'arbitre qui m'apparaissent plus enrichissantes quant aux valeurs que je défends par rapport à un rôle d'éducateur pour lequel les contraintes sont plus nombreuses" détaille-t-il sans exclure un possible retour à ses "premiers amours".

"Favoriser les échanges entre les acteurs du football"

Jacques Clavet milite pour un rapprochement des acteurs du football : joueurs, éducateurs et arbitres. "Cela permettrait de faire comprendre et cerner les problématiques liées à la fonction. A mon sens, cela permettrait aux arbitres d'avoir une autre approche, tant dans l'aspect relationnel que dans leur arbitrage, estime celui qui a parcouru les terrains en tant que joueur durant dix-sept ans et poursuit "à ce jour, il y a trop d'incompréhensions entre les différentes parties, ceci étant la conséquence de faux préjugés et ce dans les deux sens. Je reste cependant convaincu que le fait d'avoir pratiqué le football en tant que joueur contribue grandement à une meilleure lecture de jeu, à sentir les coups et anticiper le comportement des joueurs et donc à prendre des décisions plus en adéquation avec l'esprit du jeu et non avec une application stricte des lois du jeu."

Jacques Clavet a côtoyé Jean-Marc Rodolphe durant sa carrière d'arbitre. Ce dernier fût le premier footballeur professionnel à s'être essayé à l'arbitrage. Depuis, seuls trois joueurs ont franchi le pas. Est-ce que tout est mis en œuvre aujourd'hui pour attirer les anciens pros ? "On touche là à un problème de philosophie de recrutement et ce à tous les niveaux. Pourquoi ne pas aller prospecter dans les clubs où pourrait exister un vivier d'arbitres en sommeil ? Tout est une question de volonté. Mais attention tout de même à ne pas croire que l'ancien joueur sera automatiquement un excellent arbitre. Sa remise en question devra être totale afin de se débarrasser de se carapace de joueur qui peut lui être préjudiciable." analyse Jacques Clavet.

Une carrière d'arbitre aboutie

Jacques Clavet s'est lancé le défi de devenir arbitre lorsqu'il avait 29 ans quand les jeunes d'aujourd'hui débutent à 15 ans. Sur le tard donc. "J'ai suivi une formation d'arbitres dispensée au sein de ma profession. Celle-ci était orchestrée par Alain Chiab qui fût un arbitre de haut niveau tout en effectuant une carrière dans la police comme moi" se souvient-il. Celui qui a pour référence Michel Vautrot - "personne ne lui arrive à la cheville, que ce soit en tant qu'arbitre ou en tant qu'homme" - a été arbitre central avant de se reconvertir dans le corps spécifique des arbitres assistants crée au début à la fin des années 90. Jacques Clavet est arbitre fédéral 4, dirige des rencontres de CFA (Championnat de France Amateur) mais est appelé également à tenir le drapeau lors de matchs de Ligue 2 ou de National. "Je n'appréciais pas cette polyvalence. J'ai donc rejoins l'année suivante le corps des assistants. Mon arrivée tardive dans l'arbitrage ne m'aurait jamais permis de connaître le haut niveau en tant qu'arbitre". 

Onze saisons aux côtés de Bruno Coué

Bruno Coué

Lorsque Jacques Clavet est promu en 1ère Division en 1996, un autre marseillais fait ses débuts dans l'élite. Il s'agit de Bruno Coué qui formera durant onze années avec Jacques Clavet et Jean-Philippe Izzo un trio dont la longévité est rare. Jacques Clavet : "Nous avons fait passer l'amitié avant nos intérêts personnels comme c'était le cas pour d'autres arbitres qui voulaient faire cavalier seul. Je retiens surtout les liens que l'on a su tisser entre nous. D'ailleurs, chaque année, nous nous retrouvons en famille...sans pour autant parler d'arbitrage".

De ses sorties internationales, il se souvient de Luis Medina Cantalejo, l'arbitre Espagnol devenu célèbre puisque c'est lui qui était le quatrième arbitre de la finale de la Coupe du Monde 2006 au cours de laquelle Zinédine Zidane avait été exclu suite à son coup de tête sur l'Italien Materazzi. "Au-delà d'avoir assumé ses responsabilités en cette situation, c'était un arbitre calme, posé et apprécié."

 Luis Medina Cantalejo (source photo : www.zimbio.com )

25 ans d'arbitrage et c'est pas fini !

Jacques Clavet a pris le sifflet en 1990. Un arbitre fédéral, lorsqu'il met un terme à sa carrière intègre généralement le corps des observateurs de la FFF. Jacques Clavet n'a pas emprunté ce chemin. En 2007, il avait pourtant postulé à la fonction d'observateur à l'époque de la DNA (Direction Nationale de l'arbitrage). "Huit ans après, j'attends toujours la réponse dans laquelle les responsables du moment auraient pu faire preuve de courage et de responsabilité en me notifiant leur refus." Jacques Clavet a donc décidé de faire durer le plaisir sur les terrains amateurs de la Méditerranée. "J'aurais bien aimé poursuivre ma carrière d'assistant fédéral mais une limite d'âge (45 ans à l'époque depuis abrogée) nous en empêchait. Le physique ne m'a jamais fait défaut et l'envie de vivre de belles choses était encore là." C'est donc naturellement que Jacques Clavet a fait le choix de continuer à vivre sa passion. "Si j'ai voulu pérenniser mon activité d'arbitre, c'est tout simplement que je m'accomplis dans cette fonction en tant qu'individu et que je crois aux valeurs qu'elle véhicule. De plus, j'essaie d'apporter mon expérience auprès des jeunes et moins jeunes, en leur faisant surtout comprendre qu'ils essaient de vivre leur passion avec plaisir et non par intérêt." D'ailleurs, le sac est toujours prêt afin de répondre à une désignation "et ce quel que soit les championnats dans lesquels j'évolue."

"De belles choses à vivre"

A l'heure où les jeunes arbitres ne pensent qu'à faire carrière et en oublient la passion, Jacques Clavet incarne un exemple à suivre. "Il y a de belles choses à vivre à travers cette activité mais il y a aussi beaucoup de travail à fournir et des concessions à faire (notamment familiales). Je ne cache pas que l'apport financier peut découler de son activité. Cela peut être un leitmotiv non négligeable pour un jeune. Dans mes formations d'arbitres, mes premiers propos sont orientés vers les valeurs de l'arbitrage et tous ses aspects positifs."

Nom : CLAVET

Prénom : Jacques

Né le 5 août 1961 à Marseille (Bouches du Rhône)

Joueur de 8 à 25 ans

Clubs : USPEG Marseille (jeunes), Vivaux Marroniers, Les Camoins, St Marcel

Débuts dans l'arbitrage en 1990

Arbitre FFF de 1994 à 2007

Une référence comme arbitre : Michel VAUTROT

Le plus grand joueur que vous avez croisé : David BECKHAM

Un stade que vous appréciez en particulier : Le stade Michel d'Ornano à Caen. J'y ai effectué mes débuts en tant qu'arbitre assistant Fédéral 1 lors de Caen-Lens le 10 août 1996.

Pour ou contre la vidéo dans le football : "Pour mais uniquement pour deux cas : le ballon ayant franchi la ligne de but entre les montants ou non et savoir si une faute a été commise à l'intérieur ou l'extérieur de la surface de réparation".

Jacques Clavet se souvient...

D'une rencontre avec Luis Fernandez

Luis Fernandez, entraîneur du PSG entre 1994-1996 et 2000-2003

"Lors d'un match entre Lorient et le PSG, Luis Fernandez, alors entraîneur du club de la Capitale vient me voir en fin de rencontre je cite : toi, tu es un malhonnête (il me reprochait d'avoir signalé Nicolas Anelka en position de hors-jeu à plusieurs reprises). Je lui avais répondu : Monsieur Fernandez, le respect commence par le vouvoiement. Fernandez, qui reconnaissait l'accent prononcé de Jacques lui répondit : en plus, tu es marseillais. Je répliquai en lui disant : Est-ce une tare d'être marseillais ?

Ce petit jeu a duré le temps de retourner au vestiaire. Une demi-heure après, Luis Fernandez vint frapper à la porte de notre vestiaire, voulant s'excuser de son comportement. Je lui répondais : Monsieur Fernandez, votre intention est louable mais je rédigerai un rapport. Suite à mon écrit, il fût suspendu deux matchs. Un mois plus tard, je retrouve Fernandez au Parc. Durant l'inspection du terrain avec mes collègues, je l'aperçois qui se dirige vers nous. Sans me dire bonjour, il me serre la main en premier en me disant avec ironie mais honnêteté, je cite : garde le ton accent ! Par la suite, nos rapports étaient très cordiaux. Je l'avais compris. C'était un passionné. Il m'avait cerné et me respectait."

Son pire souvenir en tant qu'arbitre

"Un match de Coupe de France entre le PSG et St Etienne au Parc des Princes. Une erreur d'appréciation trop hâtive de ma part a entraîné le seul but de la rencontre."

Un grand merci à Jacques Clavet pour ce bel entretien.

Lionel SCHNEIDER